Exhibition de couteaux et de hachoir de boucher, glorification de l'argent facile: le tribunal correctionnel de Paris a relaxé vendredi soir un jeune réalisateur, poursuivi pour un clip de rap tourné avec des mineurs et qui était considéré comme "violent" par l'accusation.
Le prévenu, Josué Sombo Motakasie, 19 ans, casier vierge, récemment diplômé d'un CAP d'électrotechnique, s'est fait connaître sur la toile avec un label "Vision Industry" sous lequel il a réalisé une cinquantaine de clips de rap, dont une vingtaine accessibles sur Youtube.
La justice lui reprochait la diffusion dans un de ses clips de "messages susceptibles d'être vus par des mineurs, à caractère violent ou de nature à inciter des mineurs à se livrer à des jeux les mettant physiquement en danger", un délit passible de trois ans d'emprisonnement et de 75.000 euros d'amende.
La procureur, Morgane Aubert, a estimé l'infraction constituée et requis "une peine d'exemplarité" de 3 mois de prison avec sursis ainsi que la confiscation du matériel audiovisuel du réalisateur. Le tribunal en a décidé autrement.
"Que retiennent les mineurs qui voient ces images, qu'il faut exhiber des armes et avoir un discours violent pour devenir célèbre, que porter des armes est normal", a-t-elle dénoncé en établissant un lien entre l'idéologie du rap et une certaine délinquance des mineurs. "En 2016, le parquet de Paris a ouvert une trentaine de procédure pour des regroupement armés de mineurs", a-t-elle expliqué. La magistrate a indiqué qu'elle n'excluait pas de faire appel du jugement.
En cause, un clip de 2 minutes 37, vu plus de 12.000 fois sur internet qui met en scène un groupe d'adolescents de 11 à 15 ans autour de deux leaders âgés de 14 ans.
Mimiques, gestuelle, lunettes de soleil, casquettes à l'envers, liasses de billets et balancement syncopé, le groupe adopte les codes du genre. Certains des jeunes brandissent une batte de baseball, un pistolet et, au premier plan, un couteau Opinel. Les paroles parlent "de se faire de la monnaie sans se faire menotter" de "coups de machettes", de tarpé (pétards) ou de de 9M (arme de calibre 9 mm).
Cette vidéo a provoqué le courroux de la principale du collège Daniel-Mayer (Paris XVIII) qui a reconnu dans les images certains jeunes de son établissement classé en zone d'éducation prioritaire et régulièrement confronté à des problèmes de violence.
- 'Le second degré du rap' -
Après un signalement au rectorat et une enquête du parquet, huit collégiens figurants du clip se sont vus signifier des rappels à la loi ou des mesures de réparation pénales. Restait pour l'accusation à faire juger le réalisateur.
A la barre, Josué Sombo, visage juvénile, a expliqué qu'il s'agissait d'un jeu d'acteurs et que le rap parle toujours de grosses voitures, d'armes et d'argent, comme une figure imposée.
Cité par la défense, un universitaire Benoît Dufau, créateur d'un séminaire sur le rap à l'Ecole normale supérieure, a expliqué les dessous d'une musique "qui joue avec le second degré".
"Tout y est théâtralisé, mis en scène avec une gestuelle codée. On joue à faire peur et les armes ont un rôle d'accessoire", a-t-il expliqué, citant un rapeur qui expliquait écrire sur "une feuille de boucher".
"Le rapeur assume les clichés sur les banlieues et les renvoient à la figure de ceux qui les énoncent. Ce qui est mis en scène dans ce clip, ce n'est pas la violence, il n'y a pas de sang ni de blessure, c'est une attitude, une manière de se tenir et de s'affirmer", a-t-il ajouté.
Pour l'avocat du réalisateur, Me David Marais, la jurisprudence est claire: "pour être pénalement répréhensible, le message diffusé doit "non seulement montrer des images violentes" mais il faut que ces images "dépassent une limite acceptable". Elles doivent avoir un caractère "traumatisant pour les mineurs. Elles doivent en outre être +dénuées de tout intérêt artistique+" ce qui, a-t-il estimé, est "loin d'être le cas" dans le clip incriminé"
Exhibition de couteaux et de hachoir de boucher, glorification de l'argent facile: le tribunal correctionnel de Paris a relaxé vendredi soir un jeune réalisateur, poursuivi pour un clip de rap tourné avec des mineurs et qui était considéré comme "violent" par l'accusation.
Le prévenu, Josué Sombo Motakasie, 19 ans, casier vierge, récemment diplômé d'un CAP d'électrotechnique, s'est fait connaître sur la toile avec un label "Vision Industry" sous lequel il a réalisé une cinquantaine de clips de rap, dont une vingtaine accessibles sur Youtube.
La justice lui reprochait la diffusion dans un de ses clips de "messages susceptibles d'être vus par des mineurs, à caractère violent ou de nature à inciter des mineurs à se livrer à des jeux les mettant physiquement en danger", un délit passible de trois ans d'emprisonnement et de 75.000 euros d'amende.
La procureur, Morgane Aubert, a estimé l'infraction constituée et requis "une peine d'exemplarité" de 3 mois de prison avec sursis ainsi que la confiscation du matériel audiovisuel du réalisateur. Le tribunal en a décidé autrement.
"Que retiennent les mineurs qui voient ces images, qu'il faut exhiber des armes et avoir un discours violent pour devenir célèbre, que porter des armes est normal", a-t-elle dénoncé en établissant un lien entre l'idéologie du rap et une certaine délinquance des mineurs. "En 2016, le parquet de Paris a ouvert une trentaine de procédure pour des regroupement armés de mineurs", a-t-elle expliqué. La magistrate a indiqué qu'elle n'excluait pas de faire appel du jugement.
En cause, un clip de 2 minutes 37, vu plus de 12.000 fois sur internet qui met en scène un groupe d'adolescents de 11 à 15 ans autour de deux leaders âgés de 14 ans.
Mimiques, gestuelle, lunettes de soleil, casquettes à l'envers, liasses de billets et balancement syncopé, le groupe adopte les codes du genre. Certains des jeunes brandissent une batte de baseball, un pistolet et, au premier plan, un couteau Opinel. Les paroles parlent "de se faire de la monnaie sans se faire menotter" de "coups de machettes", de tarpé (pétards) ou de de 9M (arme de calibre 9 mm).
Cette vidéo a provoqué le courroux de la principale du collège Daniel-Mayer (Paris XVIII) qui a reconnu dans les images certains jeunes de son établissement classé en zone d'éducation prioritaire et régulièrement confronté à des problèmes de violence.
- 'Le second degré du rap' -
Après un signalement au rectorat et une enquête du parquet, huit collégiens figurants du clip se sont vus signifier des rappels à la loi ou des mesures de réparation pénales. Restait pour l'accusation à faire juger le réalisateur.
A la barre, Josué Sombo, visage juvénile, a expliqué qu'il s'agissait d'un jeu d'acteurs et que le rap parle toujours de grosses voitures, d'armes et d'argent, comme une figure imposée.
Cité par la défense, un universitaire Benoît Dufau, créateur d'un séminaire sur le rap à l'Ecole normale supérieure, a expliqué les dessous d'une musique "qui joue avec le second degré".
"Tout y est théâtralisé, mis en scène avec une gestuelle codée. On joue à faire peur et les armes ont un rôle d'accessoire", a-t-il expliqué, citant un rapeur qui expliquait écrire sur "une feuille de boucher".
"Le rapeur assume les clichés sur les banlieues et les renvoient à la figure de ceux qui les énoncent. Ce qui est mis en scène dans ce clip, ce n'est pas la violence, il n'y a pas de sang ni de blessure, c'est une attitude, une manière de se tenir et de s'affirmer", a-t-il ajouté.
Pour l'avocat du réalisateur, Me David Marais, la jurisprudence est claire: "pour être pénalement répréhensible, le message diffusé doit "non seulement montrer des images violentes" mais il faut que ces images "dépassent une limite acceptable". Elles doivent avoir un caractère "traumatisant pour les mineurs. Elles doivent en outre être +dénuées de tout intérêt artistique+" ce qui, a-t-il estimé, est "loin d'être le cas" dans le clip incriminé"
AFP
Vraiment une justice de merde !