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Un documentaire édifiant lève le voile sur les religieuses abusées
C'est l'un des derniers tabous de l'Eglise catholique : les abus sexuels sur des nonnes, commis la plupart du temps par les prêtres. Fruit d'une époustouflante enquête, le film de Marie-Pierre Raimbault et Eric Quentin fait la lumière sur une réalité dévastatrice.
Michèle-France a les yeux bleus et les cheveux blancs. Son regard est doux et, dans sa voix, il n’y a aucune trace d’animosité, ni de colère. Sa parole est mesurée. Mais d’une précision chirurgicale. «En 1971, quelques mois avoir prononcé mes vœux dans un couvent de carmélites, je traversais une période difficile», raconte-t-elle à Marie-Pierre Raimbault et Eric Quintin, les auteurs d’un documentaire exceptionnel et bouleversant sur les abus sexuels commis sur les religieuses catholiques (Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Eglise), diffusé mardi sur Arte.
Pendant vingt-cinq ans, Michèle-France a été le jouet sexuel de deux puissants hommes d’Eglise français, deux frères, Marie-Dominique et Thomas Philippe, très connus et appréciés (avant leur chute) dans les milieux conservateurs catholiques. Le premier, mort en 2006, a fondé un ordre religieux qui a beaucoup recruté, la Communauté Saint-Jean ; le second, décédé en 1993, a été l’aumônier de l’Arche, une organisation catholique très connue qui accueille des personnes handicapées mentales.
«Le père Marie-Dominique avait une réputation de saint homme», explique Michèle-France. La première fois qu’elle le rencontre, à l’âge de 26 ans, c’est au parloir du couvent pour évoquer la crise spirituelle qu’elle traverse. «Vous permettez que je prenne votre main ?» lui a poliment demandé le religieux, avant de lui embrasser un à un les doigts.
«Le petit oiseau hypnotisé par la vipère»
Marie-Dominique Philippe, dont les funérailles ont été célébrées en grande pompe en 2006, à Lyon dans la primatiale Saint-Jean, par le cardinal Philippe Barbarin, se comporte très vite en véritable prédateur sexuel face à la jeune carmélite. «Il me disait qu’il était le petit instrument de Jésus», confie-t-elle. Le plus sordide, le plus machiavélique même, est à venir. Marie-Dominique Philippe présente la religieuse à son frère Thomas qui, à son tour, abuse d’elle pendant de très longues années, dans une communauté de l’Arche dans l’Oise.
«J’étais le petit oiseau hypnotisé par la vipère qui a encore l’espace de s’envoler mais qui ne peut pas», confie Michèle-France. Son témoignage, fort et implacable, est de ceux qu’on oublie jamais. A l’Arche, c’est seulement en 2007 que les premières révélations auront lieu… Il est très probable que Thomas Philippe, pourtant interdit de ministère en 1952 par le Vatican, ait abusé de dizaines de femmes.
Le travail des documentaristes, qui a duré deux ans, est bluffant à tous points de vue. Les violences sexuelles commises sur les religieuses sont, de fait, l’un des grands tabous de l’Eglise catholique qui peine à être levé. Les deux auteurs ont également et très rigoureusement enquêté à Rome et en Afrique, révélant quasiment des réseaux organisés, notamment de prostitutions de religieuses africaines. On regrette juste une mise en scène inutile, hésitant parfois entre le Da Vinci Code et l’Exorciste, alors que la force des témoignages se suffit à elle-même.
Dans Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Eglise, chaque histoire racontée révèle une tragédie. Comme celle de Grace, une Africaine qui vivait à Rome, violée par un prêtre de son pays et une fois enceinte, contrainte de se réfugier à Pesaro (Italie) et d’abandonner son enfant à la naissance. Par la suite, son avocat, Luca Giardini, s’est battu pendant deux ans pour que Grace, chassée de sa congrégation, retrouve sa petite fille…
Un épais silence
Ces destins brisés sont, à chaque fois, d’une injustice éprouvante. Violée en 2007 à Rome, Doris, une jeune allemande, affirme que son agresseur est toujours en poste «au milieu de jeunes filles, alors que tout le monde sait ce qu’il a fait». «J’ai tout raconté à ma supérieure», se souvient Doris qui, depuis, a quitté les ordres. Pour acheter son silence, son ancienne congrégation lui a versé… 3 000 euros.
Longtemps, ces religieuses, abusées spirituellement et physiquement par des prêtres, ont été contraintes de se taire. «Quand on dénonce un prêtre, on dénonce aussi l’Eglise», appuie Célia, une autre victime de Thomas Philippe. A l’Arche, il y a eu, en avril 2017, une messe de réparation extrêmement discrète pour ces femmes abusées. Et c’est à peu près tout…
Ce voyage au bout de la nuit n’en finit pas de lever le voile sur les horreurs commises à l’encontre de femmes, au fond, sans défense. La problématique n’est hélas pas nouvelle. L’épais silence qui a longtemps prévalu est particulièrement révoltant.
Dès la fin des années 90, deux rapports ont circulé confidentiellement, comme le mentionne le documentaire, écrits par deux supérieures d’ordres religieux implantés en Afrique. Publiés en 2001, après un long travail de vérification, par l’hebdomadaire américain progressiste National Catholic Reporter, ils révélaient que des religieuses africaines avaient été contraintes d’avoir des relations sexuelles avec des prêtres, cherchant ainsi à échapper à l’épidémie de sida.
Début février, le pape François a reconnu publiquement que des religieuses avaient été utilisées comme «esclaves sexuelles». Pour cela, il aura fallu la mobilisation d’un supplément féminin de l’Osservatore Romano, fondé et dirigé par l’historienne Lucetta Scaraffia.
Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Eglise, diffusé le 5 mars à 20h50 sur Arte.
Libération
Il faut lire cet article en entier !
Elle est belle la religion catholique entre pédérastes et violeurs !
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Commentaires
2françoiseLundi 4 Mars 2019 à 16:02il est grand temps que l’Église face le ménage dans ses congrégations ,mette fin à des siècles d'Hypocrisie qui d'ailleurs ne trouvent aucun fondement dans les Évangiles !L'Omerta a assez duré ,il est grand temps que la parole des victimes se libère !J'ai lu il y a peu de temps l'histoire d'une religieuse Allemande de 34 ans qui a quitter son ordre et elle s'est enfin libéré d'un traumatisme qu'elle avait gardé trop longtemps secret!Harcèlement sexuel ,viols ,agressions sans Frontières et surtout sans Limites c'est une véritable épidémie et le Sénat refuse la commission d'enquête sur la pédophilies il faut bien reconnaître que parmi eux certains doivent serrer les fesses de trouille ! Une énorme chape commence à sérieusement s'effriter à éclater de tous les côtés ,la subversion à l'honneur! Ephébophilie ,pédérastie , pédophilie ,échangisme ,sado-masochisme ,zoophilie ,nécrophilie scatophilie fétichisme etc.. la luxure bat son plein et elle est partout ,dans tous les milieux et dans toutes les religions ,de toute façon c'est à se demander si notre société ne fabrique pas des pédophiles à la chaîne ,le monde est pervertit c'est la mode ,l'homme est avant tout un animal un peu plus évolué peut-être mais avec un instinct assez malsain beaucoup de mecs en sont arrivés a désirer une pratique qui les excite sexuellement mais qui reste totalement différente du rapport hétérosexuel qui n'a plus d'intérêt pour eux !Il n'y a pas que les curés qui fantasmes sur les enfants pubères où qui rêvent de violer une femme héla!Pour l’Église enfin pour les prêtres je dirais qu'ils s'autorisent une consommation ,d'Âmes Humaines ainsi ils se sentent rapidement pardonnés pour leurs actes ! Je pense que même si les prêtres se marient cela changera où alors comme pour les hommes dits normaux le mariage sera aussi pour eux un Cache-Vice politiquement correct!
il était temps en effet que tous ces scandales soient dévoilés, c' est vraiment honteux pour des hommes d' église, et on se dit qu' ils n' ont pas peur de l' enfer !
On ferait bien d' enquêter aussi sur les autres religions
4fripouilleLundi 4 Mars 2019 à 18:47Les bras m'en tombent ! Le Carmel, le couvent le plus strict de l'Eglise catholique, à la merci d'individus malfaisants ! Finalement, l'Eglise catholique n'est plus qu'une secte qui est devenue puissante ! C'est même celle qui a le mieux réussi ! Je ne vais plus à l'église, et ne suis pas près d'y retourner, même pour un mariage ou autre...
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Pour 3000€ ,elle a vendu son âme au diable,c’est honteux !
Des révélations aussi choquantes l’une que l’autre,pauvre sainte église !
Qu’ils brûlent en enfer,ces sales prêtres qui ont éclaboussé,une religion
d’amour et de paix ! Espérons que les pauvres victimes arrivent à se reconstruire !