• Remarques déplacées, petites humiliations… Ségolène Royal raconte le sexisme ambiant au pouvoir

    Remarques déplacées, petites humiliations… Ségolène Royal raconte le sexisme ambiant au pouvoir

    "Utérus sur pattes", "gros seins", "vache folle", le livre de Ségolène Royal montre le visage peu reluisant de la politique française.

     

    "Femme dans un monde d’hommes, écologiste dans un monde de lobbies", Ségolène Royal raconte trente années passées au plus haut sommet de l’Etat dans un livre « Ce que je peux enfin vous dire », publié cette semaine aux éditions Fayard. L’ancienne candidate à l’élection présidentielle de 2007, trois fois ministre et aujourd’hui ambassadrice en charge des pôles arctiques et antarctiques, apporte un éclairage unique sur la condition des femmes en politique. Petites humiliations, remarques déplacées ou franche misogynie, l'ex-élue lève le voile sur le sexisme ambiant dans les sphères du pouvoir, des couloirs de l'Assemblée nationale aux bureaux des ministères parisiens. 

    Pressentie pour conduire une liste aux élections européennes, elle règle également ses comptes avec son ancienne famille politique : les éléphants du Parti socialiste - bien sûr - mais aussi François Hollande, Manuel Valls, Lionel Jospin et... Emmanuel Macron dont elle dénonce la verticalité, "concept du monde d'avant, et même d'avant-avant."

     

    Elue députée des Deux-Sèvres en 1988, Ségolène Royal fait directement l'expérience du sexisme à son arrivée à l'Assemblée nationale. "Les députées femmes étaient systématiquement bloquées à l'entrée pour justifier leur identité. Avec immanquablement la question : vous êtes l'assistante de qui ?", raconte-t-elle. Sa première prise de parole dans l'hémicycle est tout aussi douloureuse. Alors qu'elle monte à la tribune du Palais Bourbon, la socialiste est accueillie par les quolibets de ses collègues masculins. "J'ai entendu, comme tous les députés présents, l'un d'entre eux me crier "A poil !", puis les ricanements de ceux qui l'entouraient", se souvient-elle. Quelques années plus tard, alors qu'elle a pris du galon, Ségolène Royal est chargée de rédiger le rapport de la commission d'enquête sur les farines animales. Un poste pour lequel elle ne manque pas de légitimité, étant élue d'un département d'élevage concerné par ce grave problème sanitaire, qui fera 27 morts en France. Cela n'empêche pas le président de la commission d'ironiser : "Ségolène Royal est désignée. Nous nous réjouissons de la participation d'une vache folle au bureau de la commission d'enquête sur les farines animales."

    "Au fait, on a oublié les handicapés"

    Devenue ministre déléguée en charge de l'enseignement scolaire en 1997, lors de la cohabitation Chirac-Jospin, Ségolène Royal découvre l'envers du décor gouvernemental. Son ministre de tutelle Claude Allègre n'hésite pas à la rabaisser en public. "Lorsqu'il quittait une réunion de recteurs, après avoir parlé tout seul pendant deux heures, il se levait et disait : "Je vous laisse avec la ministre déléguée, elle va vous parler des cantines, des enfants handicapés, des sorties scolaires et autres bricoles." Le remaniement gouvernemental de mars 2000, illustre une autre facette de cette considération à géométrie variable pour les femmes. Alors qu'elle est chez elle, Ségolène Royal reçoit un coup de téléphone de Lionel Jospin, alors Premier ministre. "Ah, Ségolène, enfin, on n'arrivait pas à te joindre ! Bon, je n'ai personne pour s'occuper de la Famille. J'ai pensé qu'avec tes quatre enfants tu pourrais faire l'affaire, et on a toujours été un peu gêné sur cette question au PS, c'est un sujet de droite", lui lance-t-il. Avant d'ajouter : "Ah, au fait, tu auras aussi les handicapés, on les a oubliés."

    Au PS, la situation n'est pas plus rose. En 2007, en pleine campagne présidentielle, Ségolène Royal surprend une réunion entre plusieurs dirigeants autour du patron du PS François Hollande. "Ils parlaient des conseillères femmes qui m'entouraient, en les désignant par ces termes odieux : où sont les "utérus à pattes" de Ségolène ?". De retour aux affaires, au ministère de l'Environnement, en 2014, l'élue socialiste se retrouve obligée de sévir. "J'ai eu l'obligation de sanctionner un cadre supérieur qui s'adressait aux femmes en ces termes : "Les gros seins à droite, les petits seins à gauche." Les débordements ne restent pas cantonnés aux seuls cabinets ministériels. En mars 2016, lors du sommet franco-italien de Venise, Ségolène Royal surprend deux ministres en plein conciliabule. "Ils regardent le programme de la journée et chuchotent en laissant échapper un rire gras. Mon regard interrogateur leur demande ce qui les amuse autant. Et là, je les revois encore, avachis sur leur siège et sans retenue aucune, s'esclaffer en citant le nom d'une ministre italienne qui doit participer à la réunion de travail : "Celle-là, elle doit être bonne à faire autre chose que de la politique." Le président français fait celui qui n'a rien entendu tandis que Matteo Renzi blêmit et croise mon regard consterné."

    Hollande et Macron, personnages "désinvoltes"

    Les dernières pages du livre de Ségolène Royal sont structurées autour deux personnages centraux : François Hollande et Emmanuel Macron. A propos du premier, qui fut son compagnon, elle regrette le manque de soutien lors de la présidentielle et son adultère à visage découvert. "Imagine-t-on un instant un homme candidat à l'élection présidentielle supportant au vu et au su de tous d'être ainsi traité par sa femme cheffe du parti censé le soutenir ?", interroge-t-elle. Après leur séparation, dont l'information est "grillée" par deux journalistes de l'AFP qui s'apprêtent à sortir un livre sur elle en 2007, Ségolène Royal fait tout pour maintenir des relations cordiales avec le père de ses enfants. Jusqu'à le soutenir lors de la primaire socialiste de 2011. "Je fais ce qui va le moins les perturber : je soutiens leur père." Un choix qu'elle sait à son désavantage. "Sur le plan personnel, je vais avoir le droit au pire, et sur le plan politique, être écartée du meilleur." Alors qu'il souhaite lui confier la présidence de l'Assemblée nationale, François Hollande ne fait pas rentrer son ex-compagne dans le premier gouvernement, ce qui affaiblira la candidate lors des législatives. "François Hollande était trop fin connaisseur de la vie politique pour l'ignorer, mais il réglait son problème personnel à court terme". Sous entendu, ses relations avec Valérie Trierweiler.

    Le nouveau président de la République est peut-être l'objet des critiques les plus féroces. "Il fait un contresens partiel par rapport à notre époque, note l'ancienne ministre. (...) Il confond, ou ses conseillers en com' confondent, verticalité et charisme, verticalité et dignité, verticalité et rigueur, verticalité et sobriété. Le mythe de l'homme seul, héritier des rois de France et de Napoléon ne tient pas en démocratie. Surtout avec 24% des voix au premier tour, sans compter l'abstention. L'autorité tient un temps seulement et se transforme en autoritarisme. Cette façon de dire la verticalité est un concept du monde d'avant. Et même d'avant-avant." Quelques chapitres plus tôt, l'ex-candidate à la présidentielle rapprochait Emmanuel Macron de ses deux prédécesseurs dans l'approche désinvolte de la fonction présidentielle. "A ses débuts Emmanuel Macron a tenté de résister à ce penchant, et même de le théoriser (la verticalité). Mais, très vite, la méthode de gouvernance a dérapé, et, comme lors des précédents quinquennats, le déficit de dialogue, l'autoritarisme, l'exercice solitaire de la décision, la démocratie parlementaire affaiblie, ont conduit aux mêmes erreurs."

    Challenges


  • Commentaires

    1
    fripouille
    Dimanche 4 Novembre 2018 à 14:54

    Au fond, personne ne fait mieux et redoute de se trouver dans l'arène à la merci des autres requins. Seuls des hommes de la trempe du Général de Gaulle pourraient venir à bout de ces profiteurs.

    2
    françoise
    Dimanche 4 Novembre 2018 à 15:32

    Tous ces mecs c'est évident on une bite à la place du cerveau ,Ce n'est pas son cas à elle !  Mais  quand on voit le nombre de salopes qui posent à poils partout ,montre leur cul pour un oui pour un nom pour obtenir un poste ,un rôle où  dans des magazines spécialisés , elles cherchent bien les insultes le harcèlement sexuel  etc.. ce qui est dommage c'est que ce ne sont malheureusement pas ces salopes là qui se font violer et c'est fort regrettable !Alors ces mecs mettent toutes les femmes dans le même panier!

    3
    Rakia
    Dimanche 4 Novembre 2018 à 15:34

    " Celle-là,elle doit être bonne à faire autre chose que de la politique ” ou "À Poils”,

    des hauts diplômés avec un langage de voyous,ils sont à vomir,ces vauriens !

    Elle a bien fait d’écrire ce livre,pour ouvrir les yeux des français sur la qualité de

    leurs élus !!! 

    4
    Dimanche 4 Novembre 2018 à 17:52

    cela  montre le haut niveau   de ces messieurs, ça ne vole  pas haut !

     Ségolène se venge,  pourquoi pas !

     Mais  attention au retour, cette femme  avait très mauvais caractère et étaient  abusivement autoritaire !

     Certaines vidéos  pourraient ressortir

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