• Islam de France : du rififi à la Grande mosquée de Paris

    Islam de France : du rififi à la Grande mosquée de Paris

    © THOMAS SAMSON Dalil Boubakeur, recteur de la Grande mosquée de Paris démissionnaire, et son successeur Chems-Eddine Hafiz, en septembre 2012.

    L'élection impromptue d'un nouveau recteur, l'avocat d'affaires Chems-Eddine Hafiz, suscite la polémique. Ses opposants l'accusent d'avoir longtemps soutenu l'ancien président Bouteflika.

    Est-ce la crise à la Grande mosquée de Paris ? L’élection, samedi, du nouveau recteur, l’avocat d’affaires Chems-Eddine Hafiz provoque une levée de boucliers, ses opposants n’hésitant pas à parler d’un «coup de force».

    Une succession inévitable

    A la faveur d’une assemblée générale qui s’est tenu samedi matin, l’ère Dalil Boubakeur s’est, de fait, terminée presque en catimini. L’inamovible recteur, médecin de profession et proche des milieux de droite, était à la tête de cette institution depuis 1992.

    Personnalité souvent sollicitée par les médias pour lesquels il incarnait une sorte d’islam centriste, Dalil Boubakeur n’était guère apprécié par les milieux musulmans, notamment au sein des jeunes générations montantes qui le voyait comme un notable de l’islam compromis avec le pouvoir français. Maintes fois annoncée, sa succession devenait inévitable : Dalil Boubakeur était aussi affaibli par la maladie depuis deux ans.

    Que s’est-il passé samedi matin ? Les membres de l’assemblée générale de la Société des habous et des lieux saints, l’association qui gère la Grande mosquée au fonctionnement assez opaque, étaient convoqués pour approuver classiquement les comptes de l’exercice 2019 et le rapport moral. Alors que ce n’était pas prévu à l’ordre du jour, ils ont dû procéder, en fait, à l’élection d’un nouveau recteur, Dalil Boubakeur ayant présenté sa démission. Affirmant depuis ces derniers mois ses ambitions, Me Hafiz a été choisi à l’unanimité des membres après avoir été soutenu, selon ses dires, par Boubakeur lui-même.

    Un profil ni d'intellectuel, ni de théologien

    Chems-Eddine Hafiz a-t-il eu ou non la caution de l’Algérie, principal bailleur de fonds de la Grande mosquée de Paris ? Le pouvoir algérien assure, en effet, le financement de l’institution en lui versant, chaque année, une subvention d’au moins deux millions d’euros. Les détracteurs d’Hafiz affirment qu’il y a eu coup de force et reproche à Hafiz d’avoir soutenu jusqu’au bout Abdelaziz Bouteflika, ce que dément l’avocat, contacté Libération. «Je l’ai soutenu lorsqu’il a sollicité un quatrième mandat en 2014», reconnait-il. Mais il réfute avoir apporté son soutien à l’ancien président algérien en 2019. «J’ai été reçu ce matin par l’ambassadeur d’Algérie qui m’a félicité pour mon élection et qui a rendu hommage au travail accompli par Dalil Boubakeur, précise MHafiz. L’ambassadeur m’a aussi invité à me rendre à Alger.» «Le recteur Boubakeur a fait un choix et a proposé mon nom pour lui succéder, n’en déplaise aux aigris et aux revanchards», ajoute Chems-Eddine Hafiz, démentant le fait qu’il aurait été convoqué à l’ambassade d’Algérie pour s’expliquer d’une élection qui n’aurait pas eu l'accord préalable d’Alger. Certitude : à la tête d’un cabinet d’avocats florissant et installé sur les Champs-Élysées à Paris, Hafiz n’a pas un profil d’intellectuel ni de théologien.

    Dans les jours à venir, les tractations vont aussi avoir lieu au sein du Conseil français du culte musulman (CFCM). Le 19 janvier, l’instance représentative doit élire son président. Selon ses statuts, la présidence tournante devrait revenir au recteur de la Grande mosquée de Paris. Là aussi, Hafiz a des ennemis résolus, notamment pour avoir été dans le passé l’avocat du Front Polisario, ce qui est un casus belli pour le pouvoir marocain. «Il n’a aucune chance d’être élu», affirme un vieux routier du CFCM.

    Libération

     


  • Commentaires

    1
    KARMA
    Mardi 14 Janvier 2020 à 14:09

    A cet article, je répondrai une maxime !

    Je n'ai rien contre Dieu, c'est plutôt de ses groupes de supporters dont je me méfie !!!

    2
    Rakia
    Mardi 14 Janvier 2020 à 15:01

    Avec tous ses défauts ci-présents , je préfère de loin Chams( le soleil)

    à Dalil ( le GPS) …! 

    3
    Mardi 14 Janvier 2020 à 17:53

    Nous  avons  là  la preuve  formelle   que  l' islam  est  bel  et   bien  politique !

    4
    Françoise
    Mercredi 15 Janvier 2020 à 20:44

    il a toujours été proche du Nain des Carpates qui  d'ailleurs  fait s'il vous plaît" Chevalier de l'Ordre du Mérite " ?  Il a toujours affirmé que seul l'islam Algérien était proche de la République ! L'autre je ne le connais ni d'Eve ni d'Adam , je sais juste que c'est un proche du grabataire Boutéflika!

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