• Finistère. Le père qui a tué son fils de 3 ans à Plounéventer écope de 28 ans de réclusion

    Pourquoi Vincent Person a-t-il commis l’irréparable le 24 juin 2022 à Plounéventer (Finistère) ? Celui qui a tué son fils de trois ans avant d’essayer de se suicider a expliqué qu’il « ne voulait pas l’abandonner ». L’avocat général a réclamé la perpétuité, ce vendredi 1er avril 2022, aux assises à Quimper. L’accusé a été condamné à 28 ans de réclusion criminelle.

    « Pourquoi avez-vous fait ça ? Pourquoi ce désespoir ce soir-là ? » questionne la présidente Claire Fouquet-Lapart, vendredi 1er avril 2022, aux assises du Finistère, à Quimper. « Sa mère ne répondait plus. Ça tournait dans ma tête. Elle n’en avait rien à faire de nous ! J’étais en colère. J’étais triste », lâche celui qui a tué son fils, Thibaut, 3 ans, de quatre coups de couteau a la gorge, quatre plaies profondes, le 24 juin 2019, à Plounéventer.

    « Je n’en pouvais plus de cette situation, c’était trop. Ça me rongeait, j’étais submergé, continue l’accusé de 28 ans. C’est venu d’un coup. J’ai pris le couteau. »

    « Il est parti tout seul »

    « Mais pourquoi ? », insiste la présidente. « Je ne pouvais pas me suicider et le laisser tout seul. Je ne pouvais pas l’abandonner. À la base, je voulais mourir, répond Vincent Person. Je ne voyais rien d’autre… »

    « Mais vous n’êtes pas mort, reprend Claire Fouquet-Lapart. Seul Thibaut est mort. » « Oui. Je l’ai abandonné au final. Il est parti tout seul… »

    Entre le rapport d’autopsie et le passage en revue des relations entre les deux parents, le deuxième jour du procès, ce vendredi 1er avril au tribunal de Quimper, est tout aussi éprouvant que la veille, après les témoignages déchirants des grands-parents : « Il nous a enlevé Thibaut, notre seul petit-fils, a lancé, en larmes, la mère de l’accusé. C’est très compliqué d’être à la fois la mère et la grand-mère. »

    L’avocat général reprend des questions posées lors de l’instruction : « Ça ne vous préoccupait pas que l’enfant soit en train d’agoniser ? Qu’il continue à souffrir ? », demande Romain Liverato à l’accusé. « Non. Je ne pensais à rien à ce moment-là. Je suis resté avec lui. Je suis parti quand j’ai vu qu’il ne bougeait plus… »

    La présidente revient au contexte d’avant le drame, à la séparation. Elle évoque les cinq plaintes pour harcèlement, les 2 400 SMS envoyés en trois mois à son ex : « L’appeler 400 fois en un soir ? Vraiment ? » « J’ai fait exprès. C’était une gaminerie ça, répond l’accusé. Ça ne sert à rien qu’ils me jugent pour une si petite connerie… »

    En détention provisoire, Vincent Person a continué à éprouver de la haine envers la mère de son enfant. « Regarde où on est à cause de toi. Il serait encore en vie si tu m’avais répondu ! » lui a-t-il écrit dans un courrier saisi par le juge : « J’ai tout perdu : ma famille, ma femme, mon fils, mes amis. Tu m’as tout donné, tu m’as tout repris. »

    Il assure que désormais « ça va mieux » : en travaillant sur lui-même avec la psychologue, il a « pris de la distance » vis-à-vis de son ex : « Tout ça, c’était en 2019 » , assure l’accusé qui se décrivait alors comme « jaloux, possessif, feignant et même macho ».

    « Il me manque hein ! »

    « Vous voulez dire quelque chose ? » demande la présidente. « Oui. À la maman de Thibaut et à sa grand-mère aussi », commence l’accusé : « Je suis désolé. » Elles éclatent en sanglots. Il rajoute : « Et aussi à papa et maman. » En larmes, il lance à son ex qui quitte en pleurant la salle : « Il me manque, hein ! »

    L’avocate de la mère et de la grand-mère de Thibaut qui « aurait eu 6 ans le 30 mars », remarque : « Pour la première fois, Vincent Person a montré des remords, note maître Anne Chanteux-Caron. Mais elles, elles souffrent à perpétuité. Ça a créé un gouffre dans leur vie. Un fantôme en permanence. Thibaut manque à l’appel pour toujours. »

    L’avocat général monte à la charge : « C’est une réalité affreuse à laquelle on doit faire face. Tuer un enfant, c’est tuer l’avenir, l’innocence, commence Romain Liverato. Le père s’est montré l’inverse de la figure de protection. À aucun moment, il ne se dit : “J’arrête !” »

    L’avocat général pointe la dangerosité de l’accusé, son manque d’empathie, sans oublier les nouvelles infractions commises en détention. Des possessions de téléphone, en majorité : « Il n’est pas capable de respecter la loi ni la vie humaine. Il n’a pas évolué. »

    « Ce n’est pas un monstre »

    Roman Liverato réclame la réclusion criminelle à perpétuité, avec une période de sûreté « portée à son maximum de 22 ans ». L’avocat de la défense, maître Le Mintier, bondit : « La perpétuité ? Mon Dieu ! La perpétuité, c’est Michel Fourniret, c’est Guy Georges, c’est la noirceur, les sociopathes ! »

    L’avocat de la défense rappelle que son client souffre de trouble de déficit de l’attention, de trouble de l’humeur, et d’hyperactivité. Qui « peuvent expliquer son altération du discernement, son instabilité, son sentiment d’abandon, sa dépression » : « I l s’est résigné à vivre avec la mort de son fils sur la conscience. Avec les remords et les regrets, conclut Jean-Guillaume Le Mintier. Une peine doit avoir une lueur d’espoir. Il a commis un acte monstrueux mais ce n’est pas un monstre. » Vincent Person est condamné à 28 ans de réclusion criminelle.

    Ouest-France


  • Commentaires

    1
    Fripouille
    Dimanche 3 Avril 2022 à 16:19

    Il n'est pas un monstre, mais s'est comporté comme tel ! C'est plus facile de céder à ses humeurs ! Heureusement que la majorité se contient !

    2
    Lundi 4 Avril 2022 à 09:16

    et   c'  est   pour   ça    que   je dis    qu'il  y aura   toujours   ces    crimes   sur    un   coup   de rage

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