• Au large de la Libye, un bateau avec 130 migrants fait naufrage

    Comme les 22 membres de son équipage, Morgane Lescot, chargée de communication sur l’Ocean Viking, navire humanitaire de l’association SOS Méditerranée, est encore sous le choc de ce «sinistre spectacle». Mercredi, les équipes présentes sur le bateau de sauvetage ont repéré au large de la Libye une dizaine de corps près d’une embarcation pneumatique retournée.

    Le drame commence dans la nuit de mardi à mercredi. Alerté par AlarmPhone, une structure de volontaires équipée d’une ligne d’écoute qui repère les cas de migrants en difficulté, l’équipage de l‘Ocean Viking apprend que trois embarcations, situées au large de la Libye à plus de dix heures de navigation de leur position, ont été signalées en détresse.

    Course contre la montre

    Après avoir appris l’interception de la première embarcation par les autorités libyennes et échoué à localiser la deuxième, l’association se lance à la recherche de la troisième : un petit bateau pneumatique gris avec 130 personnes à son bord. Luttant contre des vagues de «plus de six mètres de haut», l’équipage du bateau à la coque rouge se lance dans une course contre la montre pour atteindre la zone identifiée.

    «Au petit matin, nous sommes informés par un des navires patrouillant sur place que trois cadavres ont été repérés près de l’embarcation», relate Morgane Lescot. Mais quand l’Ocean Viking arrive sur les lieux, il ne reste presque plus rien du bateau pneumatique, dont la proue pique du nez et dont les boudins flottent à la surface. «Nos équipes ont repéré des dizaines de corps qui flottaient à proximité de ce qui restait de l’embarcation»relate Morgane Lescot. «Il n’y a plus d’espoir de retrouver des survivants, selon Emmanuelle Chaze, journaliste française embarquée sur le navire humanitaire, dont les propos sont rapportés par l’AFP. Si le bateau a chaviré la nuit dernière dans les conditions météorologiques qu’il y a eu, c’est impossible que quelqu’un ait survécu.»

    Absence de coordination internationale

    Au téléphone, Morgane Lescot peine à contenir sa colère : «Aucune coordination n’a été accordée par les autorités libyennes.» Une fois de plus, Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, est pointée du doigt par SOS Méditerranée. Alors qu’elle affirme l’avoir contactée, l’association regrette qu’aucun patrouilleur ne se soit déplacé et qu’aucune instruction n’ait été donnée par les autorités maritimes.

    Contacté par Libération, Frontex s’en défend : «Frontex n’a pas de bateaux dans la zone. Frontex ne coordonne pas non plus les opérations de sauvetage. Cette tâche est entre les mains des centres de sauvetage nationaux.»

    Fosse commune à ciel ouvert»

    «Il y a trop peu de navires de sauvetage en mer Méditerranée. Actuellement, on est tout seuls et ce n’est pas suffisant, s’insurge Morgane Lescot. La Méditerranée devient une fosse commune à ciel ouvert, des gens se noient à la porte de l’Europe et les autorités ne font rien.»

    Une attitude que l’organisation juge contraire au droit international. La convention SAR (Search and Rescue), signée à Hambourg en 1979, impose par exemple aux Etats de mettre en œuvre des zones placées sous le contrôle de centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage (Cross) et d’assurer le cas échéant le sauvetage et le débarquement du navire sur son littoral ou celui d’un Etat voisin avec son accord. Un sujet délicat dans le cas de la Libye, qui n’a pas créé de centre de surveillance.

    Ce nouveau drame intervient une semaine après que le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ont annoncé la découverte de 41 corps de migrants au large des côtes tunisiennes. Selon un recensement effectué par l’OIM, au moins 453 migrants sont morts en mer Méditerranée depuis le début de l’année.

    Pour l’heure, l’équipage reprend ses patrouilles : «On se concentre sur ce qu’on fait de mieux : essayer de sauver des vies», reprend Morgane Lescot.

    Libération


  • Commentaires

    1
    Poumo-thorax
    Samedi 24 Avril 2021 à 15:17
    Les crabes sont bien nourris, ces drrnières années.
    Et tout ça pour des ordures qui veulent une main d'oeuvre moins chère en europe, et des salopards qui passent ces gens dans des conditions ignobles.
    2
    Samedi 24 Avril 2021 à 17:15

    les  responsables    de   l' océan   Viking    ne   peuvent    que  s'en prendre   à  eux   mêmes,    ils   incitent    ces     migrants    à   se   lancer    dans   l'  aventure

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