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Sugar-dating, la prostitution étudiante que la France a du mal à pénaliser
En 2017, le site RichMeetBeautiful avait suscité l'indignation avec une campagne publicitaire incitant à la prostitution des jeunes étudiantes, en France et en Belgique. Une action condamnée ce mercredi par le tribunal correctionnel de Bruxelles tandis qu'à Paris, l'enquête est toujours en cours.
"Hey les étudiantes, améliorez votre style de vie, sortez avec un sugar daddy!"
La campagne publicitaire du site Internet RichMeetBeautiful avait suscité l’indignation dans la capitale belge en 2017. Sur une camionnette, la photo d’une poitrine féminine à peine cachée par un soutien-gorge et flanquée de ce slogan racoleur avait circulé dans les rues de Bruxelles, aux abords de l’Université. Le but? Proposer à de jeunes étudiantes de se faire entretenir par des hommes plus âgés et aisés.
Une campagne qui vaut à Sigvurd Vedal, l’exploitant norvégien du site, de comparaître devant la justice belge pour "incitation à la débauche et à la prostitution". Ce mercredi, le tribunal correctionnel de Bruxelles a décidé de le condamner à six mois de prison avec sursis.
Enquête pour "proxénétisme aggravé"
Une décision attendue qui nourrit les espoirs des Equipes d’actions contre le proxénétisme (EACP) en France.
"On espère que le verdict de Bruxelles poussera le parquet de Paris à trouver des solutions pour faire évoluer la situation en France", réagit auprès de BFMTV.com l’avocat pénaliste et membre de l’EACP, Philippe Meilhac.
Car en 2017, la campagne publicitaire de RichMeetBeautiful s’était aussi exportée en France pour attirer dans ses filets les étudiants de la capitale. Le Norvégien s’était alors heurté à une réponse immédiate et ferme de la part des pouvoirs publics. Le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour "proxénétisme aggravé" toujours en cours à ce jour, précise Philippe Meilhac.
Flou juridique
La qualification pénale choisie est suffisamment large pour couvrir de multiples situations où une personne "aide, assiste ou encourage la prostitution", souligne l’avocat. La dimension du proxénétisme pourrait s’appliquer aux sites Internet comme RichMeetBeautiful, mais "quand on parle de proxénétisme, on imagine encore les hôtels de passe, on a moins en tête une plateforme informatique", souligne-t-il. La règle pénale est d’application stricte et dans cette situation cela entretient un flou juridique qui joue en faveur de ces sites de rencontres.
Car les conversations d’ordre sexuel et financier sont implicites, ce qui permet à ces sites de rester dans la légalité. "Votre compréhension, votre temps, votre énergie, vos efforts et votre affection ont un prix", peut-on lire sur RichMeetBeautiful qui parle implicitement d'"affection".
"On a mené l’enquête en se créant des faux comptes sur ce genre de sites de rencontres. On s’est fait passer pour des étudiantes et dès les premiers échanges avec les ‘sugar daddies’ sur la plateforme, la conversation tourne autour des relations sexuelles que l’on est prêt à offrir contre de l’argent", raconte à BFMTV.com Laurine Herivan, la coordinatrice des Equipes d’actions contre le proxénétisme.
Pour l’association, pas de doute: "Le sugar-dating, c’est de la prostitution déguisée. Il s’agit de mettre en relation des jeunes filles ou garçons – les ‘sugar babies’ – avec des hommes – les ‘sugar daddies’ – d’un âge avancé et avec un gros compte en banque. Ensemble, ils ont des relations sexuelles en échange de cadeaux ou d’argent. Ce n’est évidemment pas présenté comme tel sur les sites comme RichMeetBeautiful, Sugarddady.com ou Seekingarrangement.com mais c’est ce qui se passe quasi-systématiquement. Le problème c’est qu’ils jouent sur les difficultés économiques des jeunes pour rembourser un prêt étudiant, par exemple", affirme l’association qui dénombre une dizaine de sites de rencontres de cette nature.
Responsabiliser les hébergeurs
En 2014, l’EACP avait déjà déposé une plainte – restée sans suite – contre le site Sugardaddy.com mais les circonstances étaient un peu différentes: le site n’avait pas osé l’affichage public aux abords des universités. Selon Philippe Meilhac, c’est la campagne publicitaire qui a été "choquante" et "déterminante" pour entamer des poursuites en France.
"On peut imaginer que tant que ces sites de rencontres ne font pas une telle publicité, ils ont encore de beaux jours devant eux en France grâce à la complexité de pénaliser le sugar-dating", commente l’avocat qui relativise toutefois: "Le fait que l’enquête ouverte en 2017 soit toujours en cours montre qu’il y a eu une évolution par rapport à 2014".
Le jugement rendu ce mercredi en Belgique pourrait donc servir de détonateur et permettre de légiférer sur le sugar-dating, selon l’avocat de l’EACP qui attend par ailleurs que l’hébergeur de ces sites soient responsabilisés. "Il est nécessaire de mettre en place une obligation de surveillance à la charge des hébergeurs pour mieux encadrer les contenus", conclut-il.
BFM.TV
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Commentaires
Je me souviens encore de toutes ces jeunes femmes dans une des villas d' Eddy Barclay , et des ces cougars passant des vacances en Afrique pour se trouver un amant !
3françoiseJeudi 9 Mai 2019 à 09:16Alors là?Je m’interroge vraiment de savoir si nous avons atteint où non le paroxysme de la perversité ,d'une forme de luxure recommandée pour se faire du fric!L'homme prouve de jours en jours qu'il est capable du pire et peu du meilleur envers ses "congénères"L'homme est vraiment une erreur de fond c'est un scorie ,un parasite un prédateur névrotique ,j'écris même une forme de cancer émotionnel pour avoir de telles pensées et les mettrent en application !
4fripouilleJeudi 9 Mai 2019 à 11:35
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Finalement ,les autorités compétentes se sont réveillées ,il est trop tôt ,c’est lamentable !
Comment peut- on profiter de la précarité de certaines étudiantes pour les exploiter, c’est une honte !
Ces misérables exploitants méritent la peine capitale !