• Pétain, «grand soldat» : Macron rejoint de Gaulle, Mitterrand, Chirac et Sarkozy

    Pétain, «grand soldat» : Macron rejoint de Gaulle, Mitterrand, Chirac et Sarkozy

    En qualifiant le maréchal Pétain de «grand soldat» pendant la Première guerre mondiale, le chef de l'État s'est attiré les critiques d'une partie de la classe politique. Pourtant, en ajoutant qu'il a «conduit à des choix funestes» pendant la Seconde guerre, il s'inscrit dans les pas de ses prédécesseurs.

    Le maréchal? Quel maréchal? Le héros de Verdun, en 1916? Ou le chef du gouvernement collaborationniste de Vichy, signataire du statut des juifs d'octobre 1940? Emmanuel Macron a refusé de choisir, mardi, en convoquant les deux dimensions de l'homme. «Le maréchal Pétain a été pendant la Première Guerre mondiale un grand soldat», même s'il a «conduit à des choix funestes pendant la Seconde», a déclaré le président de la République à Charleville-Mézières (Ardennes), l'une des étapes du périple mémoriel qui le conduira jusqu'à Paris, dimanche, cent ans après la fin de la Grande Guerre. Entendre le fossoyeur de la IIIème République, en 1940, qualifié de «grand soldat», a horripilé une partie des responsables politiques, à l'image de Jean-Luc Mélenchon. Pourtant, le président de la République tient là un discours semblable à ceux de ses prédécesseurs.

    De Gaulle: «gloire» de Pétain malgré des «défaillances condamnables»

    Le général de Gaulle, chef de la France libre, n'a cessé de dénoncer pendant la Seconde Guerre mondiale ce qui reste à ses yeux l'erreur fondamentale de Pétain: l'armistice de 1940, c'est-à-dire «l'acceptation de la défaite et de la servitude». Malgré ce désaccord irréductible entre les deux hommes, de Gaulle ne négligera pas, une fois à l'Élysée, les faits d'armes du maréchal qu'il avait rejoint en 1912 au sein du 33e régiment d'Arras, pendant la Grande Guerre.

    «Si, par malheur, en d'autres temps, en l'extrême hiver de sa vie, au milieu d'évènements excessifs, l'usure de l'âge mena le maréchal Pétain à des défaillances condamnables, la gloire qu'il acquit à Verdun, qu'il avait acquise à Verdun vingt-cinq ans auparavant, et qu'il garda en conduisant ensuite l'armée française à la victoire, ne saurait être contestée ni méconnue par la patrie», déclare-t-il le 29 mai 1966 à Douaumont, à l'occasion du 50e anniversaire de la bataille de Verdun. Le 10 novembre 1968, cinquante ans après 1918, il fait déposer une gerbe sur la tombe de tous les généraux vainqueurs de la Grande Guerre, dont celle de Pétain, sur l'île d'Yeu, où le maréchal a fini sa vie en 1951.

    Mitterrand: «la gloire de Verdun» et «la honte de 1942»

    Le président socialiste François Mitterrand est le seul à avoir fait fleurir la sépulture de Philippe Pétain chaque 11 novembre, à partir de 1987 à 1992. «Nous sommes là devant un cas typique des contradictions de l'Histoire qui nous place à notre tour dans des contradictions qui ne sont pas vraiment supportables», explique-t-il le 22 novembre 1992 sur Radio J, interrogé sur le sujet après les révélations de la presse. «La gloire de Verdun, la gloire payée par beaucoup de sang et de drames, ne peut pas être oubliée, ni les anciens combattants, et d'autre part la honte de 1942 ne peut pas l'être davantage. Voilà une contradiction fondamentale.»

    Cette dualité fait écho aux deux engagements de François Mitterrand, vichyssois puis résistant, pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1942, après plus d'un an passé dans un camp de prisonniers en Allemagne, il a servi comme contractuel dans les services de prisonniers de l'administration de Vichy. C'est à ce titre qu'il a reçu la francisque, une distinction du régime. «Quand Pétain est arrivé au pouvoir, je pensais comme presque tout le monde qu'il pouvait protéger la France», a-t-il écrit dans ses Mémoires interrompus, publiés après ses deux septennats. «On avait le sentiment qu'il était antiallemand. C'était un vieillard d'allure magnifique. Verdun, dont le souvenir était proche, lui conférait une aura incroyable.» Mais au printemps 1943, le jeune François Mitterrand rompt avec Vichy et s'engage dans la Résistance clandestine.

    Chirac: le «vainqueur de Verdun» a fait «le choix funeste de l'armistice»

    À son arrivée à l'Élysée, en 1995, Jacques Chirac refuse de faire déposer une gerbe de fleurs sur la tombe du Pétain. Sans pour autant passer sous silence le rôle du maréchal pendant la Grande Guerre. «Un homme a su prendre les décisions qui conduiront à la victoire. Il restera comme le vainqueur de Verdun. Cet homme, c'est Philippe Pétain», affirme-t-il dans son discours du 25 juin 2006, prononcé pour le 90e anniversaire de la bataille de Verdun. «Hélas, en juin 1940, le même homme, parvenu à l'hiver de sa vie, couvrira de sa gloire le choix funeste de l'armistice et le déshonneur de la collaboration.»

    Sarkozy: «couvert de gloire à Verdun» et «de honte à Vichy»

    Au détour d'une phrase, le président Nicolas Sarkozy a conjugué les deux aspects de la trajectoire de Philippe Pétain, lors du 66e anniversaire de la victoire du 8 mai 1945. «Le 10 juillet, une assemblée parlementaire confiait les pleins pouvoirs à un vieux maréchal qui s'était couvert de gloire à Verdun et qui allait se couvrir de honte à Vichy», a-t-il déclaré à Port-Louis, le 8 mai 2011. Avant de qualifier cette décision de «forfaiture». Cinq ans après, François Hollande a commémoré les cent ans de la bataille de Verdun, sans jamais citer dans son allocution le nom du maréchal.

    Macron : «Pétain a été un grand soldat pendant la Première Guerre mondiale» - Regarder sur Figaro Live

    Figaro politique


  • Commentaires

    1
    Mercredi 11 Novembre 2020 à 17:40

    il  a bien   été    un  grand   soldat,   et    comme  le  dit   souvent Zemmour,  il   avait   pensé    sauver    des  français en   signant   l'armistice

    2
    Françoise
    Mercredi 11 Novembre 2020 à 19:06

    Il y a eu la Rencontre Pétain Hitler  en Octobre 40  dans une gare dont j'ai oublié le nom c'était dans le 41 je crois  et depuis cela il y a quand même  de lourds secrets qui subsistent encore !

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