• L’huile de palme menace aussi les primates d’Afrique

    L’huile de palme menace aussi les primates d’Afrique

    L’huile de palme va-t-elle mettre en péril la biodiversité du continent africain, après avoir causé des ravages en Indonésie et en Malaisie ?

    En Asie, elle entraîne une déforestation massive qui décime notamment les populations d’orangs-outans de l’île de Bornéo. Une étude internationale menée par des chercheurs du Centre commun de recherche de la Commission européenne et de plusieurs pays (Afrique du Sud, France, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suisse), publiée le 13 août dans les comptes-rendus de l’Académie des sciences américaines, laisse craindre que la menace soit sérieuse en Afrique aussi.

    La production d’huile de palme, aujourd’hui issue à 85 % d’Asie du Sud-Est, est tirée par la croissance continue de la demande mondiale, pour ses usages alimentaires mais aussi pour l’élaboration d’agrocarburants.

    Selon de précédentes études, 53 millions d’hectares supplémentaires pourraient être nécessaires à sa culture en 2050, dont 44 millions pour l’alimentation et 9 millions pour les carburants. Ce qui signifierait de presque multiplier par quatre les superficies par rapport aux 20 millions d’hectares de terres dédiés, en 2015, à cette filière.

    Cette expansion pourrait se faire en grande partie en Afrique, où des écosystèmes tropicaux de basse altitude sont adaptés à cette culture, déjà pratiquée – à encore relativement petite échelle – au Nigeria, en Côte d’Ivoire, en République démocratique du Congo (RDC), au Cameroun, au Gabon ou au Ghana.

    « Les primates, bons indicateurs de la biodiversité »

    Les chercheurs en ont analysé les impacts prévisibles sur les 193 espèces de primates recensés sur le sol africain, sachant que 37 % de celles qui vivent sur le continent et 87 % de celles de l’île Madagascar sont classées comme « menacées d’extinction » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

    L’huile de palme menace aussi les primates d’Afrique

    Un mandrill

     

    C’est le cas de nombreux singes, tels que le chimpanzé commun, le bonobo, le mandrill, le macaque de Barbarie (aussi appelé magot), le kipunji, le cercopithèque à queue de soleil, le mangabey à crête ou le colobe roux. Et aussi celui de multiples lémuriens de Madagascar, comme le maki mococo, l’avahi méridional, le lémur à front blanc, le lépilémur de Sahamalaza, le grand hapalémur, le propithèque soyeux ou le vari noir et blanc.

    « Les primates, soulignent les auteurs, sont de bons indicateurs de l’ensemble de la biodiversité. » En outre, « en dispersant les graines, ils jouent un rôle important dans le maintien de la composition des écosystèmes forestiers ».

    Les chercheurs ont voulu savoir dans quelle mesure des plantations de palmiers à huile étaient compatibles avec la préservation de ces primates. Ils ont défini trois niveaux, à la fois pour les rendements des cultures et pour la protection des animaux. Il apparaît que sur les quelque 30 millions de km2 du continent africain (3 milliards d’hectares), 9 % seulement sont propices à cette culture, pour l’essentiel dans une zone allant de la Côte d’Ivoire à la RDC, ainsi que sur une portion de la côte Est, en Tanzanie et au Mozambique, plus le nord de Madagascar. Ce qui représente, tout de même, 273 millions d’hectares.

    Un terrain de compromis est quasi impossible

    Mais sur ce total, une infime partie de 130 000 hectares seulement pourrait allier un haut rendement et un faible impact sur les primates. Même si les industriels se contentaient d’une productivité moyenne ou faible, ils ne pourraient exploiter que 3,3 millions d’hectares s’ils avaient en même temps le souci de n’avoir qu’un impact limité sur la faune. Trouver un terrain de compromis entre intérêts économiques et défense de la nature est donc quasi impossible.

    Les scientifiques ont poussé plus loin leurs calculs. Dans l’hypothèse – vertueuse – où les cultures se concentreraient sur les terres les moins accessibles où les primates sont donc le moins vulnérables, cinq espèces en moyenne perdaient un hectare d’habitat pour chaque hectare converti à l’huile de palme. Et dans le cas – malheureusement le plus probable – où seraient d’abord choisis les sols les plus faciles d’accès et les plus productifs, le nombre d’espèces « expropriées » grimperait à seize.

    « De la même façon que la culture d’huile de palme a des conséquences dramatiques sur la biodiversité en Asie du Sud-Est, concilier développement à grande échelle de cette culture en Afrique et conservation des primates sera très difficile », concluent les chercheurs, qui mettent en garde contre « des effets négatifs inévitables ».

    « Des solutions existent »

    « Pour conserver la biodiversité africaine, des solutions existent, assure pourtant Ghislain Vieilledent, écologue au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement et cosignataire de l’étude. L’une d’elles pourrait consister à augmenter la productivité des plantations actuelles par l’utilisation de semences à haut rendement en huile et adopter de meilleures pratiques agricoles. »

    La parade la plus sûre serait toutefois que les pays du Nord réduisent drastiquement leur consommation, et que des millions d’hectares de forêts tropicales ne soient pas abattus pour alimenter les voitures en biodiesel.

    Reste que selon un rapport publié fin juin par l’UICN, remplacer les palmiers à huile – dont provient aujourd’hui 35 % de toute l’huile végétale consommée dans le monde –, par d’autres oléagineux (soja, tournesol ou colza) exigerait jusqu’à neuf fois plus de terres pour la même production. Ce qui rend peu plausible une substitution de cultures. Pour les singes et les lémuriens d’Afrique, l’avenir est donc sombre.

    Le Monde.fr


  • Commentaires

    1
    Rakia
    Jeudi 23 Août 2018 à 12:49
    Puisque des solutions existent pour conserver la biodiversité africaine qu’attendent- ils pour réagir ??? À mon avis le profit récolté de l’huile de palme est plus important que ces pauvres animaux ,une bande de vermines qui mérite d’être dévoré par des animaux sauvages d’Afrique !
    2
    Jeudi 23 Août 2018 à 18:04

    on ne verra bientôt  plus les animaux dits sauvages que sans  des réserves  ou des zoos !

     En France,  finalement  Total  peut utiliser l' huile de palme, hulot ne sert vraiment à rien

     

    3
    françoise
    Jeudi 23 Août 2018 à 18:49

    Et oui! toujours le fric à l'origine de toutes ces déforestations etc..Peu-importe la biodiversité par tous ces grands groupes et leurs pourritures d'actionnaires ,et non seulement cela mais tous ces grands groupes sont les ennemis mortels du climat ,ils étendent de plus en plus leurs activités et cela parce qu'il y a des accords internationaux  qui les encouragent et leur  laissent le champ libre pour leurs exactions ,l'humanité est menacée ils s'en moquent puisqu'ils sont persuadé qu'ils ont l’éternité devant eux !Avec toute cette puanteur politiques réunis ne sont que mensonges à nos yeux ,à toute la planète d'ailleurs et puis il veulent ramené la population mondiale à un nombre très bas pour pouvoir dominer davantage  la vie humaine et animale ils s'en tapent ! 150 000 km carré de forêts soit plus du quart de la surface de notre pays  disparaîtraient  chaque année dans le monde ! En Afrique Ebola est la cause de la déforestation et l'exploitation minière ce qui a favorisé ce virus ,enfin son contact avec les populations, car les chauves souris qui n'ont plus d'habitat se rapprochent  (les Roussettes) elles sont porteuses sains du virus elles n'en meurent pas ,les noirs les bouffent et voilà le résultat et c'est une chaîne sans faim les gorilles qui mangent les fruits contaminés par les Roussettes sont à leur tour contaminé ,c'est horrible !,pour l'huile de palme ,elle fait monter le taux de cholestérol 45% de matières grasses comparativement aux 10% pour le colza et 15% pour l'olive mais voilà elle est beaucoup moins cher et ses graisses saturées augmentent les cas d'obésité et la majorité des produits de la planète sont à base de cette huile ,donc voilà le pourquoi du comment on n'en revient toujours au fric et après quand les individus sont malades ils vendent des médicaments etc..le plus triste c'est que les fabricants de bouffes tueuses n'ont aucune obligation de préciser l'huile qu'ils utilisent ,on peut lire sur les emballages huiles végétales où matières grasses végétales = huile de palme ! Bon il paraît que c'est la dose qui fait le poison et surtout que en même temps que cette huile bien d'autres saloperies sont ajoutées et beaucoup plus dangereuses !Le plus affreux dans tout cela c'est la nature et les animaux qui meurent en premier!

    4
    fripouille
    Vendredi 24 Août 2018 à 09:46

    L'homme se détruit lui-même. Et ne pense qu'à court terme..."Après moi le déluge" ! Ca ne date pas d'hier.

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