• L'expulsion du directeur du bureau de l'AFP à Alger, un "signe inquiétant"

    L'expulsion du directeur du bureau de l'AFP à Alger, un "signe inquiétant"

    "C'est un signe inquiétant, oui." Interrogé par L'Express, Souhaieb Khayati, du bureau Reporters sans Frontières Afrique du Nord, voit d'un mauvais oeil l'expulsion d'Aymeric Vincenot, directeur de l'AFP à Alger, le 9 avril.

    Le journaliste de 45 ans, qui était en poste depuis juin 2017, n'a pas reçu le renouvellement de son accréditation, le contraignant à quitter le pays rapidement. Plus concrètement, son titre de séjour était arrivé à échéance le 28 février dernier, et il n'avait déjà plus d'accréditation depuis la fin 2018, a détaillé l'AFP dans un communiqué. Le journaliste n'a pas non plus reçu de réponse concernant le renouvellement de sa carte de presse, pourtant requise pour obtenir un permis de résidence.

    "On pensait que le nouveau gouvernement avait donné des signaux positifs quant aux libertés en général, et quant à la liberté de l'information. Mais là, on est en train de voir l'étau qui se resserre de nouveau, comme si, finalement, le gouvernement sifflait la fin de la récréation." Après la démission d'Abdelaziz Bouteflika, ayant renoncé à se présenter une cinquième fois à la présidentielle algérienne, c'est le président du Conseil de la Nation, Abdelkader Bensalah, qui a été nommé mardi 9 avril pour assurer la présidence par intérim.

    Pas de directeur de l'AFP dans l'immédiat à Alger

    Auprès de l'AFP, le PDG de l'agence de presse a vivement regretté cette expulsion. "En nous privant de chef de poste sur place, cette décision porte gravement atteinte à notre dispositif, qui vise à assurer une couverture exhaustive et rigoureuse des événements historiques qui se déroulent actuellement en Algérie", a indiqué Fabrice Fries. Pour l'instant, l'AFP ne compte envoyer personne d'autre pour remplacer Aymeric Vincenot. "Il n'est pas question pour nous, dans ces conditions, de nommer dans l'immédiat un nouveau directeur à Alger", a ajouté le patron de l'agence de presse. Contactée par L'Express, l'AFP n'a pas souhaité faire de commentaire supplémentaire.

    En Algérie, le 31 mars dernier, un autre journaliste, Tarek Amara, de l'agence de presse britannique Reuters, a lui aussi été expulsé manu militari du pays. Il a été arrêté pour sa couverture des protestations anti-Abdelaziz Bouteflika, accusé de propager des fake news. Le journaliste avait annoncé une participation d'un million de personnes le 29 mars dernier, lors des manifestations organisées partout dans le pays. Des chiffres contestés par le gouvernement algérien. Reuters n'avait pas manqué de soutenir son journaliste. "Les reportages de Tarek à Alger dédiés aux manifestations étaient justes et équilibrés." Amara a finalement été renvoyé en Tunisie par avion.

    Une mobilisation qui continue

    "Il semblerait que le gouvernement souhaite reprendre en main la situation, analyse Souhaieb Khayati. Néanmoins, la mobilisation est toujours suivie par la population, ainsi que par les journalistes. Les actes de résistance continuent. Ce qui est le plus emblématique, ce sont que les journalistes de la télévision et de la radio publique continuent de demander clairement le droit à exercer leur métier de la manière la plus professionnelle possible."

    Quelque chose qui était inenvisageable il y a quelques mois. Quand ont débuté les protestations en Algérie - L'Express en parlait ici - les chaînes de télévision nationales abordaient à peine le sujet, privilégiant des thèmes moins corrosifs. "Il y a des rédactions partisanes, oui, mais globalement, on parle des manifestations partout, poursuit Souhaieb Khayati. Cette liberté éditoriale va être une lutte qui sera menée jusqu'au bout en Algérie. Le système ne changera pas totalement, mais il y aura des avancées notables, notamment sur la liberté du journalisme. Étant donné la qualité de ces journalistes algériens, il est temps pour eux d'accéder à cette liberté-là." Reste à savoir désormais comment seront couvertes les protestations à l'encontre d'Abdelkader Bensalah, président par intérim, déjà nombreuses dans le pays.

    L'Express


  • Commentaires

    1
    Rakia
    Jeudi 11 Avril 2019 à 14:51

    Actuellement ,l’Algérie est en ébullition ,rien ne va,même le président par intérim 

    n’est pas le bienvenu ,un autre printemps arabe est en route ...!

     

    2
    françoise
    Jeudi 11 Avril 2019 à 18:43

    J'ignore sur quoi cela va déboucher? Mais ça ne sent pas très bon tout ça ,ils avaient déjà il y a peu de temps expulsé le Journaliste Tunisien Tarek Amara Envoyé spécial de l'agence internationale Reuters ,ils ont même arrêtés des journalistes Algériens !

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