• L’appel de 70 médecins, élus, économistes : « Pourquoi nous voulons légaliser le cannabis »

    L’appel de 70 médecins, élus, économistes : « Pourquoi nous voulons légaliser le cannabis »

    En matière de cannabis, le tout-répressif ne marche pas. Alors sortons de cette politique coûteuse et inefficace. « L’Obs » lance avec plus de 70 économistes, médecins, politiques un appel à une légalisation encadrée. Objectifs prioritaires : la protection des mineurs, la sécurité et la santé publique.

    L’appel de « l’Obs »

    Il faut en finir avec le statu quo. La France doit légaliser le cannabis, qu’il soit utilisé à des fins thérapeutiques comme récréatives, pour les consommateurs de plus de 18 ans. Alors que ses voisins (Belgique, Allemagne, Espagne, Portugal, Pays-Bas…) ont tous assoupli leur législation, que le Canada, l’Uruguay et plusieurs Etats américains ont légalisé la substance, la France est à la traîne. Elle s’arc-boute sur une loi répressive datant de 1970, totalement inefficace puisque nous sommes le pays de l’Union européenne où la consommation est la plus élevée. De 18 à 64 ans, un Français sur deux a déjà expérimenté le cannabis, et un adulte sur neuf est un usager régulier. A 17 ans, 48 % des jeunes en ont déjà pris. Au même âge, presque un sur dix en est un usager régulier et un sur douze est estimé dépendant ou souffrant d’un usage problématique (1).

    D’un point de vue de santé publique, cette interdiction semble difficile à justifier. alors que le cannabis est moins dangereux, une fois le cerveau formé (2), que l’alcool, qui tue prématurément 41 000 personnes chaque année et le tabac, 73 000 (3). Nous savons que ce n’est pas un produit neutre, mais c’est précisément parce qu’il est nocif pour la santé, particulièrement celle des mineurs, qu’il faut en contrôler la production et la distribution.

    La prohibition contribue à engorger inutilement l’activité des magistrats et des policiers : plus de 130 000 personnes sont interpellées chaque année pour en avoir consommé (4).

    Aux Etats-Unis, la légalisation dans plusieurs Etats a fait chuter la criminalité le long de la frontière mexicaine (5). Quand la France acceptera-t-elle de regarder la réalité en face, de faire preuve de pragmatisme, face à cette impasse ? Les pouvoirs publics doivent agir. Et vite.

    (1) Chiffres clés de l’Observatoire français des Drogues et des Toxicomanies 2017.

    (2) Rapport de Bernard Roques, directeur de recherche à l’Inserm, sur la classification des psychotropes (1998).

    (3) Christophe Bonaldi (Santé publique France), Catherine Hill (épidémiologie Gustave-Roussy).

    (4) Office central pour la Répression du Trafic illicite des Stupéfiants.

    (5) « Is Legal Pot Crippling Mexican Drug Trafficking Organisations ? The Effect of Medical Marijuana Laws on US Crime », « The Economic Journal ».

    Les signataires

    Patrick Aeberhard Cardiologue, ex-président de Médecins du Monde

    Ingela Alger Economiste, chercheuse à la TSE*, directrice de recherche au CNRS

    Stefan Ambec Chercheur à la TSE*, directeur de recherche à l’Inra

    Gil Avérous Maire de Châteauroux (LR)

    Jean-Paul Azam Chercheur à la TSE*, professeur d’économie, université Toulouse-I Capitole

    Laurent Baron Maire du Pré-Saint-Gervais (PS)

    Jacques Bascou Président (PS) de la communauté d’agglomération de Narbonne

    Julien Bayou Conseiller régional, porte-parole (EELV)

    Esther Benbassa Sénatrice de Paris (EELV)

    Christian Ben Lakhdar Professeur d’économie à l’université de Lille

    Amine Benyamina Addictologue

    Ugo Bernalicis Député du Nord (LFI)

    Yann Bisiou Maître de conférences en droit privé à l’université Paul-Valéry Montpellier-III

    Jacques Boutault Maire du 2e arrondissement de Paris (EELV)

    Jean-Paul Bret Maire de Villeurbanne (PS)

    Frédéric Cherbonnier Economiste, chercheur à la TSE*, professeur à l’Institut d’Etudes politiques de Toulouse

    Renaud Colson Juriste, maître de conférences à l’université de Nantes

    Alexis Corbière Député de Seine-Saint-Denis (LFI)

    David Cormand Député européen, secrétaire national d’EELV

    Magali Croset-Calisto Psycho-addictologue

    Gérard Cosme Président d’Est Ensemble

    Jean-Pierre Daulouède Psychiatre addictologue

    Marie Debrus Pharmacienne, Médecins du Monde

    Philippe De Donder Chercheur à la TSE*

    William Delannoy Maire de Saint-Ouen (UDI)

    Karima Delli Députée européenne (EELV)

    Jacques Delpla Economiste, professeur associé à la TSE*

    Tony Di Martino Maire de Bagnolet (PS)

    Caroline Fiat Députée de Meurthe-et-Moselle (LFI)

    Michel Fourcade Maire de Pierrefitte-sur-Seine (PS)

    Robert Gary-Bobo Professeur d’économie Crest-Ensae

    Stéphane Gatignon Ancien maire de Sevran

    Raphaël Glucksmann Député européen (PS-Place publique)

    Christian Gollier Directeur général de la TSE*

    Benoît Hamon Ancien ministre de l’Education nationale

    Mathieu Hanotin Conseiller départemental de la Seine-Saint-Denis, ancien député de la Seine-Saint-Denis (PS)

    Olivia Hicks Médecin et première adjointe au maire du 2e arrondissement de Paris

    Touria Jaaidane Professeure d’économie à l’université de Lille

    Yannick Jadot Député européen (EELV)

    Pierre Jouvet Président de Porte de DrômArdèche, porte-parole du PS

    Laurent Karila Psychiatre

    Michel Kazatchkine Ancien directeur exécutif du Fonds mondial de Lutte contre le Sida, la Tuberculose et le Paludisme

    Bertrand Kern Maire de Pantin (PS)

    Olivier Klein Maire de Clichy-sous‑Bois (PS)

    Gaspard Koenig Président du think tank GenerationLibre

    Bernard Kouchner Ancien ministre de la Santé

    Annie Lahmer Conseillère régionale d’Ile-de-France (EELV)

    François-Michel Lambert Député des Bouches-du-Rhône (UDE, x-LREM)

    Bertrand Lebeau Addictologue

    William Lowenstein Médecin, président de SOS Addictions

    Thierry Magnac Chercheur à la TSE*, professeur d’économie à l’université Toulouse-I Capitole

    Patrick Mennucci Conseiller municipal de Marseille

    Alain Morel Psychiatre, addictologue, directeur général de l’association Oppelia

    Claire Nouvian Militante écologiste

    Danièle Obono Députée de Paris (LFI)

    Mathilde Panot Députée du Val-de‑Marne (LFI)

    Pierre Person Député de Paris (LREM)

    Emmanuelle PeyretMédecin addictologue, hôpital Robert-Debré

    Eric Piolle Maire de Grenoble (EELV)

    Collectif Police contre la Prohibition (PCP)

    Adrien Quatennens Député du Nord (LFI)

    Jérôme Renault Chercheur à la TSE*, professeur en mathématiques appliquées à l’université Toulouse-I Capitole

    Régis Renault Professeur d’économie à l’université de Cergy-Pontoise

    Sabine Rubin Députée de Seine-Saint-Denis (LFI)

    Hervé Saulignac Député de l’Ardèche (PS)

    Paul Seabright Chercheur à la TSE*

    Guy Sebbah Médecin, membre du directoire du Groupe SOS Solidarités

    Béatrice Stambul Psychiatre

    Jennifer Stephenson Responsable de la communication de la Fondation JJ Laffont et de la TSE*

    SUD Intérieur Syndicat de policiers

    Aurélien Taché Député du Val-d’Oise (LREM)

    Bénédicte Taurine Députée de l’Ariège (LFI)

    Magalie Thibault Vice-présidente du département de Seine-Saint-Denis

    Sylvine Thomassin Maire de Bondy (PS)

    Khalid Tinasti Secrétaire exécutif de la Commission globale en matière de drogues

    Ludovic Toro Médecin et maire de Coubron (UDI), conseiller régional d’Ile-de-France, membre de la commission de coordination des politiques de santé auprès de l’ARS

    Marie Toussaint Députée européenne (EELV)

    Stéphane Troussel Président du département de la Seine-Saint-Denis (PS)

    Daniel Vaillant Ancien ministre de l’Intérieur (PS)

    Thierry Verdier Professeur d’Economie (ENPC-ParisTech et Ecole d’Economie de Paris)

    Michèle Victory Députée de l’Ardèche (PS)

    *Toulouse School of Economics

    L'OBS


  • Commentaires

    1
    Rakia
    Mercredi 19 Juin 2019 à 15:32

    70 futurs vendeurs de drogues ,pour la consommation,c’est déjà fait !( rire ) 

    Il ne manquerait plus à la France que voir débarquer tous les dealers frontaliers ,

    de l’Espagne passe la drogue marocaine ...( rire)  Je suis d’accord si cette légalisation 

    se limite aux soins thérapeutiques de certaines douleurs insupportables !

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    2
    Mercredi 19 Juin 2019 à 17:48

    De toutes  façons   les drogués  n' ont  aucun  mal  à s' approvisionner

    3
    françoise
    Mercredi 19 Juin 2019 à 19:30

    Ce n'est pas grave ,perso je m'en moque ,il y aura toujours de l'abus et la France n'a pas encore suffisamment assez de dégénérés  de la cervelle ,  une façon comme une autre d'imposer une forme de soumission , Drogue-toi et Ferme ta Gueule ! A des fins médicamenteuse  et sous surveillance oui ,ça existe dans d'autres pays ,et ce 'est pas cela qui fera baisser le trafic!

    4
    fripouille
    Vendredi 21 Juin 2019 à 17:45

    Les dealers vont avoir un manque à gagner, ils vont devoir jouer sur la quantité. Les Pays-Bas sont libérés depuis longtemps et il n'y a pas plus de criminologie chez eux. Il y aura toujours des inconvénients, mais beaucoup d'avantages, tribunaux libérés, quartiers mal famés etc...

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