• «Je suis écœuré et en colère» : un boulanger condamné parce qu'il travaille trop

    «Je suis écœuré et en colère» : un boulanger condamné parce qu'il travaille trop

    Une récente décision de justice interdit à un boulanger du Calvados de vendre son pain 7 jours sur 7. En conséquence, il craint de devoir licencier des salariés.

    «Je suis écœuré et en colère». Xavier Perret, un boulanger de 41 ans, en a gros sur le cœur. Dans une décision rendue le 10 janvier 2019, le tribunal de grande instance (TGI) de Caen lui interdit de vendre du pain un jour par semaine. En d'autres termes, le commerçant ne peut plus vendre du pain 7 jours sur 7 comme il le faisait jusqu'à présent. Dans le département du Calvados - comme dans d'autres départements -, un arrêté préfectoral interdit en effet de vendre du pain 7 jours sur 7. En dépit de cet arrêté, le boulanger vendait son pain tous les jours de la semaine.

    Il faut dire que la situation de Xavier Perret est assez complexe. En 2015, déjà propriétaire d'une première boulangerie à Troarn (Calvados), il reprend une seconde boulangerie du secteur en grande difficulté. Ce second établissement est alors en liquidation judiciaire et Xavier Perret sauve au passage 5 emplois. Fort de deux établissements, le boulanger peut alors légalement travailler 7 jours sur 7. Mais il s'aperçoit au bout de quelques mois que le second site qu'il vient d'acquérir est inexploitable. «Le site était totalement insalubre et j'ai finalement rapatrié tous les salariés sur un seul et même site», détaille-t-il. Il continue malgré tout de vendre du pain 7 jours sur 7. Cela suscite l'ire du groupement artisanal des boulangers pâtissiers du Calvados, qui lance alors une action en justice pour «concurrence déloyale», action qu'il vient de remporter. «Ce couple bénéficie des fermetures de ses concurrents, or il n'y a pas de réciprocité!», s'offusquait Pierre Serais, son président, dans un récent article du Figaro.

    «J'ai le droit d'être ouvert tous les jours mais pas de vendre du pain tous les jours», déplore Xavier Perret, après la décision du TGI de Caen, qui vient donc confirmer l'arrêté préfectoral. Le boulanger peut vendre des pâtisseries, des viennoiseries tous les jours... mais pas de pain. Il dispose désormais d'un mois pour «faire le nécessaire» sans quoi il risque une amende de 2500 euros par jour de travail illégal. 

    Le commerçant a particulièrement mal vécu le fait de se retrouver «sur le banc des accusés» et estime qu'il a été «jugé pour avoir trop travaillé». Cette situation exaspère Xavier Perret qui, en l'espace de 15 ans, a créé des emplois puisque ses effectifs sont passés de 4 à 14 salariés. Il se dit aujourd'hui «dégoûté». «On est un petit commerce en zone rurale qui se lève à 4H du matin et qui ferme sa gueule», s'exclame-t-il. Selon lui, tout le monde est perdant: la boulangerie, qui «va perdre du chiffre d'affaires» et les clients qui se retrouvent sans leur boulangerie. La boulangerie la plus proche se trouve à 3 kilomètres. «Si je ferme une journée, je suis obligé de mettre deux salariés sur le carreau», déplore-t-il.

    Autre absurdité: la loi l'autorise à installer un distributeur à pain automatique pour continuer à en vendre 7 jours sur 7 s'il le souhaitait. «Je ne vais pas licencier des salariés pour les remplacer par une machine à pain! Il y a un tissu social ici, des vraies gens....», argumente-t-il. Avant de conclure: «On va tout faire pour trouver une solution afin de ne pas licencier. On va se saigner!». 

    D'autres cas similaires

    Ce n'est pas la première fois qu'un cas similaire se produit. Benjamin Lyonnet, un boulanger d'Angers, a lui été attaqué par la fédération de la boulangerie du Maine et Loire. Il a été condamné par la justice en décembre 2018: il doit désormais être totalement fermé un jour par semaine pour «concurrence déloyale». Benjamin Lyonnet ne comprend pas cette décision car l'arrêté préfectoral du 15 mai 2001 du Maine et Loire impose la fermeture obligatoire un jour par semaine des «rayons de vente de pain» mais pas de l'établissement dans sa totalité. «Ils veulent faire de moi un exemple», déplore-t-il.

    À la tête de 11 salariés à temps plein et 3 étudiants à temps partiel, il s'est finalement résolu à fermer son commerce le mardi et «est en train de se séparer de deux salariés», comme il nous l'explique. Une aberration , à ses yeux, alors que les grandes chaînes de fast-food, elles, peuvent travailler tous les jours. «J'ai des charges énormes et cette décision pénalise tout le monde, notamment mes salariés qui sont au ‘repos forcé' le mardi et ne peuvent plus avoir des week-ends entiers», conclut Benjamin Lyonnet. En février 2018, un boulanger de l'Aube avait lui été condamné à payer une amende de 3.000 euros pour avoir travaillé 7 jours sur 7 durant l'été précédent, comme l'avait rapporté France 3 Grand Est.

    Le Figaro.fr


  • Commentaires

    1
    nat
    Jeudi 17 Janvier 2019 à 07:15

    Et oui ma pauvre Chantou le gouvernement préfère donner de l'argent aux fénéants ! quand je pense que j'ai entendu : travaillez plus pour gagner plus !tout change!

    2
    françoise
    Jeudi 17 Janvier 2019 à 08:47

    Cet homme n'est pas un TRUAND il ne peut donc bénéficier d'aucun Passe-Droit pas plus que d'une Immunité!  Ce pays qui se nomme France peut être pour plus longtemps commence sérieusement à avoir des relents de Basses-Fosses!   Empêcher les gens de travailler ,je n'ai pas vu cette phrase marquée dans la lettre pour préparer la Grande Débâcle!

    3
    Jeudi 17 Janvier 2019 à 08:51

    mais le plus aberrant reste la  justice qui condamne !

    par contre,  touts les boutiques  musulmanes qui  non seulement sont  ouvertes tous les jours  mais  jusqu' à  22 heures, n' ont  jamais affaire  à la justice

    4
    Jeudi 17 Janvier 2019 à 10:01

    Les boulangers souffrent de la concurrence des points chauds et supermarchés, dont certains ouvrent et vendent du pain 7 jours sur 7. Un arrêté préfectoral de 1989 interdit pourtant cette pratique. C'est le cas où j'habite ! ...à débattre avec les intéressés !

     

     

    5
    Rakia
    Jeudi 17 Janvier 2019 à 10:04

    Il ne comprend pas et il ignore la loi ,il devrait se rendre à la préfecture pour avoir une 

    dérogation d’ouvrir 7/7 ,6 jours avec les employés où chacun devrait avoir un jour de congé et

    1 jour seul sans aucun employé !

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