• Interdits, les néonicotinoïdes « tueurs d’abeilles » reviennent à l’Assemblée pour sauver les betteraves

    Interdits en 2018, ces pesticides controversés pourraient être réintroduits temporairement pour aider les betteraviers, touchés par la crise.

    Respecter une promesse environnementale ou sauver l’emploi sur fond de crise économique ? L’Assemblée nationale se penche ce lundi 5 octobre sur le projet de loi controversé permettant la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes pour préserver la filière betteraves, en dépit de la ferme opposition des pro-environnement.

    Avec ce projet de loi permettant le recours temporaire et encadré à des insecticides néfastes pour les abeilles, le gouvernement est accusé de brouiller son message sur la transition écologique. Une exception qu’il justifie par la sauvegarde d’une filière qui emploie 46 000 personnes dont 25 000 agriculteurs.

    Un hiver et un printemps trop chauds : en raison de la prolifération d’un puceron vert vecteur de la maladie qui affaiblit les plantes dans de nombreuses régions, les betteraves issues de semences non enrobées d’insecticide sont atteintes de « jaunisse ». La réintroduction de semences enrobées avec des néonicotinoïdes doit permettre de protéger les rendements sucriers.

    « Question de souveraineté »

    Le hic est que ce type de pesticide a été interdit en 2018. Et voilà le gouvernement obligé de rétro-pédaler, en s’appuyant sur le règlement européen sur les phytosanitaires permettant de déroger à l’interdiction en l’absence d’alternative.

    « C’est une question de souveraineté », met en avant le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie, alors que 11 pays producteurs ont en Europe autorisé les dérogations pour les néonicotinoïdes.

    « Nombre de planteurs, en ce moment même, hésitent à replanter des betteraves » et « si les sucreries ferment, c’est toute la filière de la betterave qui peut disparaître en une ou deux saisons », fait valoir le ministre.

    C’est lui qui sera présent dans l’hémicycle où plus de 130 amendements seront débattus, et non la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, qui avait elle-même porté en 2016 la loi interdisant ces insecticides et appuie désormais cette réautorisation ciblée.

    Pour le gouvernement, qui pourra compter sur le soutien des LR, le projet de loi n’est pas « un renoncement écologique ». Il programme « la fin des néonicotinoïdes » à l’horizon 2023, souligne le rapporteur LREM du texte, Grégory Besson-Moreau. Pour le député de l’Aube où se trouve l’une des plus grosses sucreries d’Europe, « personne ne nie les dangers de cette substance ».

    Pourquoi dès lors ne pas y renoncer purement et simplement, tempêtent les opposants au projet gouvernemental ? Happening près du Palais-Bourbon, tribunes, les pro-environnement et la gauche estiment que le projet de loi, conçu selon eux « sous la pression des lobbys de l’agriculture », est un « recul démocratique majeur » et un « contresens historique ».

    Hulot et Orphelin montent au créneau

    Dimanche, l’ancien ministre de l’Ecologie Nicolas Hulot a appelé dans le « JDD » « les députés à ne pas voter » le projet de loi. « Ma fondation a estimé les pertes pour cette année à 77 millions d’euros pour les betteraviers. Indemnisons-les en échange de la mise en place de pratiques : allongement des rotations, réintroduction des haies... », propose-t-il.

    « C’est le dernier grand vote sur la biodiversité du quinquennat », attaque Matthieu Orphelin (EDS). Ce proche de Nicolas Hulot a obtenu un vote solennel sur l’ensemble du projet de loi, qui aura lieu mardi et lors duquel tous les députés « pourront se positionner sur ce sujet important ».

    En dramatisant l’enjeu, l’ex-« marcheur » cherche à enfoncer un coin au sein du groupe majoritaire, où des voix dissonantes sont apparues. « On sait très bien que la discussion va être serrée dans l’hémicycle », reconnaît Jean-Baptiste Moreau (LREM), agriculteur, qui soutient le projet de loi.

    Selon lui, des députés « ne veulent pas revivre la séquence » d’il y a deux ans autour du glyphosate, cet herbicide controversé dont la sortie n’a finalement pas été inscrite dans la loi. Un épisode vécu comme un « traumatisme » par certains, et qui avait coûté cher dans l’opinion publique.

    Pour « verdir » sa position, le groupe LREM a fait voter en commission la création d’un conseil de surveillance où figureront quatre parlementaires. Et aussi l’interdiction, sur des parcelles où ont été utilisés des néonicotinoïdes, d’implanter des cultures attirant les abeilles afin de ne pas les exposer.

    Les députés ont en outre précisé que les dérogations permises visaient explicitement les betteraves sucrières. Le gouvernement l’avait promis mais ne voulait pas l’inscrire dans le texte par crainte d’une censure du Conseil constitutionnel.

    L'OBS


  • Commentaires

    1
    Poumo-thorax
    Lundi 5 Octobre 2020 à 14:17
    Un aparté sur les abeilles parisiennes: bien que la saison de floraison à paris soit limtée par l'hiver elles produisent du miel toute l'année grace aux dechets sucrés ( glaces, beignets fond de gobelets de café, flaques de vomi, etc..) qui jonchent la capitale. Le confinement a réduit de 60% la production de miel parisien.
    2
    Lundi 5 Octobre 2020 à 17:01

    les  betteraves   sont   ramassées   avant   la floraison,   et   donc   les   abeilles   n'ont   pas    de  contact   avec les produits

    3
    Lundi 5 Octobre 2020 à 23:01

    Dans les néonicotinoïdes, c'est la nicotine qui rend les abeilles accrocs au tabac...mais ça les fait tousser et elles font tomber leur récolte de pollen avant de retourner à la ruche...à Paris c'est pareil, mais c'est avec le cannabis...c'est pour ça que les parisiens sont accrocs à leur miel.he

    Stan

    4
    Fripouille
    Mercredi 7 Octobre 2020 à 12:34

    De toutes façons on est foutus ! C'est vraiment pas sérieux !

    5
    Fripouille
    Mercredi 7 Octobre 2020 à 12:36

    Le sucre n'est pas un aliment ! Juste un plaisir gustatif ! Et encore, je m'en passe très bien.

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