• Franck Bauer, la voix de Radio Londres, est mort

    Franck Bauer, la voix de Radio Londres, est mort

    © PATRICK KOVARIK / AFP Franck Bauer, ancien résistant, en 2009.

    « Ici Londres… Les Français parlent aux Français… » Franck Bauer prononça 578 fois ces mots célèbres sur Radio Londres. Celui qui fut la voix de la résistance contre l’occupant nazi est mort le 6 avril, au Cateau-Cambresis (Nord) à l’âge de 99 ans.

    Né le 2 juillet 1918 à Troyes (Aube), Franck Bauer grandit dans une famille tournée vers l’art et la musique. Son père est architecte des monuments historiques et du diocèse, sa mère joue du piano. Jeune batteur et pianiste de jazz, Franck Bauer s’oriente vers des études d’architecture.

    Sur le chantier de l’Exposition universelle de 1937, à Paris, il se fait embaucher comme assistant de l’architecte Albert Speer sur le pavillon de l’Allemagne, face à celui de l’URSS. L’expérience tourne court : son père lui ordonne de renoncer à travailler pour l’architecte d’Hitler. Franck Bauer n’ignorait pourtant rien des dangers du nazisme. En 1933, lors d’un voyage scolaire en Allemagne, il avait été frappé par l’accueil des étudiants le bras tendu au cri de « Heil Hitler ! ». « On va avoir la guerre et on va la perdre », avait-il annoncé à ses parents à son retour.

     

    Le choix de la Résistance

    Pas mobilisable au début de la guerre, il remplace des musiciens professionnels appelés sous les drapeaux dans différents orchestres à Paris. Dès que le maréchal Pétain annonce aux Français, le 17 juin 1940, la demande de l’armistice, il fait le choix de la Résistance. Avec sa sœur Denise, il traverse la France à vélo, mais celle-ci, blessée à un genou, doit se réfugier dans un presbytère. Il arrive seul au Verdon-sur-Mer (Gironde), d’où il s’embarque pour le Royaume-Uni sur un paquebot polonais, sous le bombardement de la Luftwaffe. Arrivé à Londres, il s’engage dans les Forces françaises libres (FFL).

    Envoyé dans les Cornouailles, il a pour mission d’établir des relations avec les pêcheurs bretons pour organiser des passages clandestins entre l’Angleterre et la France. En novembre 1940, il part aux Etats-Unis, afin d’espionner les actions des autorités de Vichy qui s’efforcent de convaincre les marins français de la marine marchande qui s’y trouvent de ne pas rejoindre la France libre.

    « Je dois dire que mon plus grand courage, pendant cette guerre, est de ne pas être resté aux Etats-Unis en 1941. Il y avait tout dans ce pays »

    A New York, puis à La Nouvelle-Orléans, il en profite pour fréquenter les petits clubs de jazz et rencontrer des musiciens tels Benny Carter ou Coleman Hawkins. « Je dois dire que mon plus grand courage, pendant cette guerre, est de ne pas être resté aux Etats-Unis en 1941. Il y avait tout dans ce pays, surtout pour un jeune homme, tout ce dont on pouvait rêver : l’automobile, l’opulence… », confiera-t-il, en 1999, à Jazz Hot, revue à laquelle il contribua pendant de longues années.

     

    « Messages personnels »

    A son retour à Londres, il rejoint en mars 1941 l’équipe de Radio Londres où il devient l’un des deux annonceurs de l’émission « Les Français parlent aux Français ». De mars 1941 à avril 1943, il fait ainsi partie de cette petite équipe de journalistes qui, sur les ondes de la BBC, se relaient pour porter l’espoir durant les heures les plus sombres de l’histoire de France. Outre les « messages personnels », il assure la présentation d’une émission hebdomadaire de jazz, Radio Swing Club.

    Dans 40 à Londres, l’espion qui venait du jazz (Bayard, 2004), Franck Bauer expliquera qu’avant de partir en avril 1943 à Madagascar, pour y prendre en main la radio des Français libres, il avait fait promettre à Maurice Schumann, camarade de Radio Londres, de le prévenir à temps pour prendre part au Débarquement en France. Il ne pourra réaliser ce souhait : après avoir rejoint Alger, puis l’Ecosse, Franck Bauer ne touche le sol normand qu’en juillet 1944.

    Après la Libération, il part en Extrême-Orient comme reporter couvrir la guerre d’Indochine, d’abord pour Les Nouvelles du matin, puis pour l’Agence France-Presse (AFP). De retour à Paris, il devient chef de cabinet de son ancien collègue de Radio Londres, Pierre Bourdan, alors ministre de la jeunesse, des arts et des lettres (1947), puis conseiller d’Eugène Claudius-Petit, ministre de la reconstruction (1948-1953). De 1953 à 1979, il dirige Franck Bauer Conseil, cabinet de relations publiques. S’il se retire du milieu du jazz après la guerre, il n’en transmet pas moins son goût de la musique à son fils Axel, figure de la pop française.

    Le Monde

    Quand j'ai lu la phrase en rouge, je me suis mise à pleurer !

    De mauvais souvenirs qui sont remontés, involontaire de ma part !


  • Commentaires

    1
    Rakia
    Jeudi 19 Avril 2018 à 17:59
    Bonsoir Chantou !
    Ici Londres... Les Français parlent aux Français ! Une phrase qui t’as rappelé tes blessures de guerre,il y’a de quoi , tes larmes ont coulé , des blessures inoubliables et dures à surmonter, tu es une femme très courageuse !
    2
    Jeudi 19 Avril 2018 à 18:20
    on l' avait perdu de vue, voilà un homme qui aura beaucoup voyagé ! Une formule dont je me souviens aussi
    3
    Françoise
    Jeudi 19 Avril 2018 à 19:28

    Même si je n'ai pas connu la guerre cette voix m' est familière de part des reportages et même enfant par la radio! Cet homme aura eu un beau parcours de vie!Paix à son âme!

    4
    fripouille
    Jeudi 19 Avril 2018 à 20:21

    Je pense que tout le monde ayant vécu cette période a vécu avec cette voix. Je l'ai probablement entendue quand j'étais enfant, mais cela se mélange dans mes souvenirs.

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