• Ce qui ne va pas avec le début de présidence d'Emmanuel Macron

    Ce qui ne va pas avec le début de présidence d'Emmanuel Macron

    Les Français le connaissaient peu, voilà qu'il apparaît aujourd'hui en président narcissique, à tendance autoritaire. Le manque d'humilité du chef de l'État peut-il mettre à mal la promesse portée lors de la campagne présidentielle?

     

    Emmanuel Macron s’est auto célébré devant une audience record et s’est félicité de ses cinq premiers mois à l’Élysée. Il a raison. Car il avance, déroulant sa feuille de route et ses engagements de campagne, sans trop d’obstacles. Malgré une baisse de popularité elle aussi record, son meilleur argument est bien celui qu’il a utilisé: je fais ce que j’ai dit. En ces temps de grande méfiance vis-à-vis de la politique, il y a là un socle à partir duquel il pourra consolider sa position et rebondir. Son horizon est relativement dégagé: l’opposition est éclatée et il se passera du temps avant qu’une droite et une gauche réformiste puissent retrouver leurs esprits.

    Il a été bien élu mais on ne le connaissait pas vraiment. On le découvre donc à travers l’exercice du pouvoir. Un mot le résume: déterminé. Encore que le «Je ne reculerai pas, je ne cèderai rien» est inutilement défensif. Il est le pendant du «Je serai pleinement président jusqu’au bout» de François Hollande. À ceci près que ce dernier était encerclé quand le nouveau président a globalement les mains libres et que rien ne le menace vraiment. Les doutes existent pourtant et se précisent: ils tiennent à l’exercice de la fonction présidentielle et à la faiblesse de son système politique.

    Des mots clivants

    Être président, ce n’est pas si facile… Passée la phase d’installation dominée par quelques belles mises en scène et un énorme ratage –celui qui l’a opposé au chef d’État-major des armées–, apparaît un président narcissique, à tendance autoritaire. Ou, pour le dire de façon plus soft, un glissement vers l’exercice solitaire du pouvoir. Visiblement, il se fait plaisir: il est le prince-président en son royaume… Au point de ne jamais renoncer à un bon mot, qui devient vite une provocation, quitte à fâcher une partie du pays. J’inscris dans ce registre la dénonciation des «fainéants» ou des «envieux» (à la presse allemande) et surtout la proclamation selon laquelle la France serait «inréformable».

    Il lui faudrait donc un sauveur suprême, seul capable de la «transformer». Élémentaire, mon cher Watson: Emmanuel Macron! Je mets à part la surexploitation médiatique du «bordel», et je mets au compte de l’erreur de langage les «gens qui ne sont rien»: il voulait sans doute dire «les gens qui n’ont rien». Toujours est-il que ce sont des mots clivants. Il en fait un tel usage que l’on se dit: il a été «gourouïsé» par Nicolas Sarkozy –dont il adopte jusqu’à la gestuelle! Ce faisant, il s’éloigne de sa promesse de campagne: rassembler et transformer; rassembler pour transformer. Il provoque à l’inverse des divisions inutiles. 

    La fonction s'apprend

    Cela renvoie à une autre manifestation de son narcissisme: la distinction qui est faite par ses partisans. Avant lui, il n’y avait rien, sinon des rois fainéants; et avec lui, tout deviendrait possible, pour peu qu’on l’approuve! Il est vrai que le parcours qu’il a accompli est à la fois stupéfiant par son audace et absolument inédit dans notre histoire politique. Le risque est donc de se croire désormais infaillible. Et d’oublier, dans ses succès, quelle a été la part des circonstances. Si bien qu’il donne l’impression de se placer lui-même au-dessus de sa fonction alors qu’il est là pour servir celle-ci. Nicolas Sarkozy (toujours lui) expliquait qu’en fait il ne s’était senti pleinement en phase avec la fonction présidentielle qu’à la fin de son mandat. Il concédait qu’il lui avait fallu apprendre. Or, Emmanuel Macron oublie que cette fonction-là, peut-être plus que d’autres, s’apprend. Et, puisqu’il aime les formules, on pourrait lui dire qu’il n’a pas la science infuse.

    Pas plus qu’il ne brille par une qualité qu’il s’attribue volontiers: le courage. Ainsi, il nous dit qu’il est favorable à la PMA mais que le politique, en ces domaines où les consciences peuvent être secouées, ne peut imposer son point de vue. Il laisse donc planer le doute en même temps qu’il adresse un signe supplémentaire à une partie de l’électorat de la droite. Mais, à le suivre, François Mitterrand n’aurait jamais aboli la peine de mort. Vous comprenez, aurait-il pu dire, c’est une affaire très sensible. J’y suis personnellement favorable, certes. Mais que pensera le corps social? Sur ce point-là, il ne fait pas vraiment ce qu’il a dit qu’il ferait.

    Coup de barre à droite

    Comme beaucoup de présidents avant lui, Emmanuel Macron est donc guetté par ses propres failles. Il peut aussi être mis en danger de solitude du fait de la faiblesse de son système politique. Il n’a pas de parti: «En Marche» est un mouvement à constituer et qui ne pourra pas, à lui seul, lui garantir une longue traversée. Au tout début de sa campagne, il avait laissé entendre qu’il ferait une coalition avec, sur sa gauche, les socialistes réformistes et, sur sa droite, le centre droit et une partie des républicains. Pour finalement décider de pousser seul son avantage: à ce stade, les Français lui ont donné raison.

    Mais le maillage local et territorial de la droite comme d’une partie de la gauche est toujours là et, les difficultés avançant, on ne voit pas qu’«En Marche» seul puisse s’y substituer. Il lui faudra donc considérer des alliés et des alliances en bonne et due forme. Et sortir d’un positionnement qui, pour le moment, est ouvertement à droite. En attendant, peut-être, d’être corrigé… Il est vrai qu’aux avants postes se trouvent des personnalités de droite –le Premier ministre et les deux ministres de Bercy– tandis qu’aucune personnalité de gauche visible ne l’accompagne, Jean-Yves Le Drian étant sorti des écrans radars et Gérard Collomb n’ayant jamais été perçu comme une grande figure de la gauche.

    Et pourtant, je suis de ceux qui pensent que nous aurions tous avantage à ce qu’il réussisse. Parce que nous ne sommes pas passés loin de la catastrophe populiste; parce que le pays a besoin de se transformer; parce qu’Emmanuel Macron continue de porter hors des frontières de grandes attentes, notamment en Europe. Et il est dommage qu’à ce stade il n’ait pas encore su faire la pédagogie de ce qu’il y a de meilleur dans son programme, à savoir les vertus émancipatrices qu’il avait esquissées. Mais nous n’en sommes qu’au début du film.

    Slate


  • Commentaires

    1
    fripouille
    Mercredi 18 Octobre 2017 à 19:04

    Pour citoyens avertis...Même dépassée je vois : diviser pour mieux régner !

    2
    Mercredi 18 Octobre 2017 à 19:43

    je n' attends rien de bon d' un bonhomme incapable de se maîtriser !

    Il se prend  pour un fin politique, oubliant qu' il a bénéficié de conditions exceptionnelles

     Il a déjà beaucoup tiré sur la corde, j' attends  qu' elle se casse

    3
    françoise
    Mercredi 18 Octobre 2017 à 20:55

    Ce gérontophile décérébré fait peur à voir lorsqu'il est pris d'une crise de démence !  Désormais  si rien de concret ne se passe nous sommes condamné à vivre  dans l'invective  et les insultes  avec ce mec!

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