• Affaire Khashoggi: certaines entreprises prennent leurs distances avec l'Arabie saoudite

    Affaire Khashoggi: certaines entreprises prennent leurs distances avec l'Arabie saoudite

     

    La disparition du journaliste Jamal Khashoggi jette un froid sur les relations économiques de l'Arabie Saoudite. Ce journaliste, très critique à l'égard du régime du prince héritier Mohammed Ben Salmane, n'a plus donné signe de vie depuis son entrée au consulat d'Arabie Saoudite à Istanbul, le 2 octobre.

    Et le retentissement international de cette affaire inquiète les milieux d'affaires. Au point de perturber l'organisation de la deuxième édition du sommet Future Investment Initiative, qui doit se tenir du 23 au 25 octobre à Riyad. Cette conférence est la vitrine dont se sert Mohammed Ben Salmane pour vendre ses très ambitieux projets économiques censés moderniser son pays. Or depuis quelques jours, les annulations se multiplient.

    Parmi elles, celle du patron d'Uber, Dara Khosrowshahi, qui a annoncé qu'il n'irait pas à Ryad «à moins qu'une série de faits considérablement différents n'émerge» sur la disparition du journaliste. Le fonds souverain saoudien avait pourtant investi 3,5 milliards de dollars en 2016 dans sa société de VTC. Le PDG de la banque américaine JP Morgan, James Dimon, sera également absent. Son nom ne figurait plus dimanche soir sur la liste des participants. Ford Motor a pour sa part annoncé que son président, Bill Ford, avait annulé une visite en plusieurs étapes au Moyen-Orient, dont une apparition à cette conférence sur l'investissement saoudien.

    Même chose pour le milliardaire britannique Richard Branson, fondateur du groupe Virgin, qui a annoncé le gel de plusieurs projets avec le royaume. «Si ce qui a été rapporté à propos de la disparition du journaliste Jamal Khashoggi est véridique, cela changerait radicalement les perspectives d'affaires de tous les Occidentaux vis-à-vis du gouvernement saoudien», a-t-il déclaré dans un communiqué. L'Arabie saoudite lui avait pourtant donné un poste de conseiller dans le tourisme et lui avait promis un investissement d'un milliard de dollars dans Virgin Galactic, sa compagnie de tourisme spatial. L'événement est aussi boudé par des médias comme le Financial Times, le LA Times, le New York Times, The Economist, Bloomberg et CNN. 

    Panique sur les marché

    D'autres entreprises ont fait le choix de maintenir leur participation tout en faisant preuve de prudence. C'est le cas par exemple du géant allemand Siemens qui a fait savoir qu'il «surveillait la situation de près». Côté français, les dirigeants de BNP Paribas, Société Générale, Thales, EDF et AccorHotels restent pour l'instant annoncés. Pour rappel, environ 80 entreprises françaises, en majorité des sociétés du CAC 40, sont implantées en Arabie saoudite. «Si elles n'annulent pas purement et simplement leur présence à cette conférence, les entreprises pourraient choisir de se faire représenter à un niveau moindre. En s'affichant à cet événement, elles craignent une atteinte à leur image», précise au Figaro Didier Billion, directeur adjoint de l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris).

    Sur les marchés, certaines d'entre elles sont déjà sanctionnées du fait de leur exposition au marché saoudien. C'est le cas du géant japonais des télécoms SoftBank dont l'action a chuté en clôture de 7,26% ce matin à la Bourse de Tokyo. Il y a quelques jours, Mohammed Ben Salmane annonçait son intention d'investir 45 milliards de dollars dans Vision Fund 2, le futur fonds d'investissement de Softbank. Et dimanche, la Bourse de Ryad a accusé une baisse de plus de 7% à l'ouverture, sa plus grave dégringolade en trois ans, avant de terminer la séance à -3,5%.

    Les investisseurs voient d'un mauvais oeil la récente escalade verbale entre Washington et Ryad. Bien qu'opposé à une limitation des ventes d'armes, Donald Trump a promis au royaume un «châtiment sévère» si sa responsabilité dans la disparition du journaliste était avérée. Celui-ci a répondu qu'il se tenait prêt à répondre par de «plus grandes» sanctions, laissant planer la menace d'une action sur les marchés pétroliers. Face à cette perspective, le baril de Brent grimpait déjà ce matin à 81,46 dollars et le WTI à 72,13 dollars. «Il faut relativiser ces tensions entre les États-Unis et l'Arabie Saoudite», assure toutefois Didier Billion. «Il pourrait y avoir des sanctions mais on ne peut pas imaginer que le soutien total et inconditionnel des États-Unis va se dissoudre prochainement», affirme le spécialiste. D'après ce dernier, la possibilité de voir l'Arabie Saoudite utiliser le pétrole comme arme de représailles semble aussi peu probable sur le long terme: «L'Arabie Saoudite peut agir sur ce levier, mais cela n'ira pas loin. Nous ne sommes pas dans la même configuration que lors du choc pétrolier des années 1970. Les autres membres de l'Opep l'empêcheront de prendre ses décisions seules. Et pour Mohammed Ben Salmane, les enjeux sont trop importants».

    Le prince héritier cherche à convaincre les grands patrons et investisseurs mondiaux de le suivre dans son ambitieux programme de transformation du pays. Baptisé Vision 2030, ce plan doit faire de l'Arabie Saoudite un géant du numérique et du tourisme, via des projets pharaoniques. «MBS» doit aussi convaincre les investisseurs de bien accueillir la mise sur le marché de 5% du géant pétrolier Aramco, qui pourrait rapporter pas moins de 100 milliards de dollars. Un temps envisagée pour cette année, cette opération a déjà été repoussée à fin 2020. «Les enjeux de ces projets sont colossaux pour de nombreux secteurs comme l'armement, le bancaire, le transport, l'agroalimentaire. Les entreprises veulent se positionner sur cet énorme marché. C'est la raison pour laquelle dans cette crise, la réalité économique va l'emporter. Ces groupes savent que la politique d'ultimatum ne fonctionne pas. S'ils s'en vont, d'autres prendront leur place», résume Didier Billion. «Malgré tout, Mohammed Ben Salmane va peut-être comprendre que le sentiment d'impunité qui le caractérise peut lui jouer des tours».

    Le Figaro.fr


  • Commentaires

    1
    Lundi 15 Octobre 2018 à 17:34

    voyons,  ne faut il pas être fou  pour  commercer avec un pays qui  pend, décapite et met en croix ceux qui ne respectent pas la charia !

    Et d' autant  plus encore qu' on sait  qu' elle aide les terroristes et  terrorise les yéménites .

    le pétrole, c' est tout ce qui compte

    2
    Rakia
    Lundi 15 Octobre 2018 à 18:50

    Une terre sainte plus le pétrole ont fait des ravages sur les cerveaux des dirigeants 

    qui se croient au dessus de tout ,les intouchables ,ils sont à vomir ! 

    J’espère que le pauvre journaliste a eu l’occasion de s’echapper de leurs

    griffes ! 

    3
    françoise
    Mercredi 17 Octobre 2018 à 22:09

    Un pays à fuir ,le royaume de la décapitation et de la lapidation !

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