• A Montpellier, une candidate communiste voilée écartée par le Parti socialiste

    Désignée par ses camarades pour intégrer la liste d’union conduite par Michaël Delafosse aux municipales, la militante Samira Yakhlef a été écartée au motif qu’elle porte le voile.

    Une candidate voilée écartée, des militants qui claquent la porte et des camarades embarrassés qui préfèrent se taire pour « ne pas affaiblir le parti »… Le débat sur le voile qui enflamme la gauche à intervalles réguliers vient de ressurgir à Montpellier à l’heure du dépôt des listes en vue des élections municipales. Il divise cette fois les socialistes et les communistes, deux alliés qui ont pourtant uni leurs forces localement sous le slogan « La gauche qui rassemble »

    Le sujet a éclaté quand le socialiste Michaël Delafosse, à la tête d’une liste d’union PS-PCF-PRG, a décidé de refouler la militante communiste Samira Yakhlef au motif qu’elle porte un voile. « La façon dont on fait campagne dit la façon dont on exercera le mandat d’élu », se justifie-t-il auprès de « l’Obs ». Cet enseignant de 42 ans, ancien membre de l’équipe Frêche qui se dit très attaché à la laïcité, explique avoir choisi d’étendre aux candidats de sa liste, potentiels futurs élus, le principe de neutralité qui s’impose aux fonctionnaires :

    « Je considère que ceux qui vont avoir autorité sur des agents publics ne doivent pas manifester leur appartenance religieuse. »

    « Comment gère-t-on ce paradoxe ? »

    Un argument que ne comprennent pas du tout Samira Yakhlef et plusieurs de ses camarades. Militante au PCF depuis deux ans, cette mère de famille de six enfants est décrite comme une parent d’élèves très investie dans le combat pour la mixité scolaire. Agée de 36 ans, cette « touche-à-tout » du monde associatif se serait bien vue élue à la mairie pour « changer la face de la ville », dit-elle à « l’Obs ». Elle se défend de mélanger religion et politique et s’appuie sur la loi : « Les fonctionnaires n’ont pas le droit de porter le voile, mais les élus oui. Hors de question que je l’enlève pour une place, je ne suis pas une vendue. »

    Dans les faits, les deux n’ont pas tout à fait tort. La loi interdit bien aux fonctionnaires de porter un signe religieux. Les élus, en revanche, sont tout à fait libres de le faire. A une exception près, définie par le Conseil d’Etat : lorsqu’ils exercent une mission de service public telle que la célébration d’un mariage.

    Dans cette histoire, il est clair que le débat dépasse le cas pratique du mariage. « La question posée est celle de la représentation républicaine », expose Hervé Martin, chef de file des communistes montpelliérains qui est aujourd’hui candidat sur la liste conduite par Michaël Delafosse et qui soutient sa décision. En clair : une femme voilée peut-elle devenir une élue de la République ? « La loi le permet, mais je serai gêné de demander à une fonctionnaire d’enlever son voile avec à mes côtés une élue qui le porte », expose-t-il. Et d’interroger : « Comment gère-t-on ce paradoxe ? »

    « Une hiérarchie paternaliste ? »

    Au-delà du programme, l’accord conclu en octobre 2019 entre socialistes et communistes prévoyait de réserver au PCF 12 places sur un total de 65. Lors d’une assemblée générale devant choisir l’ordre et les noms de ces 12 candidats, la section communiste a décidé à 75 % de placer Samira Yakhlef en quatrième position.

    Après de nouvelles discussions, les communistes ont pris acte du refus socialiste et choisi de maintenir l’accord malgré tout. Mais, dans le même temps, trois jeunes militants ont préféré se retirer de la liste.

    Dans un appel national intitulé « La laïcité rassemble et ne divise pas » – et signé notamment par le politologue Bertrand Badie, le journaliste Alain Gresh, l’essayiste Rony Brauman… –, Robert Kissous, économiste et figure du PCF local, dénonce « un acte inacceptable qui stigmatise une partie du peuple de France ». Il interroge : « Au nom d’une laïcité détournée en machine à diviser, on instaurerait une inégalité profonde entre citoyennes françaises, excluant d’emblée de toute élection politique des femmes portant un foulard ? Y aurait-il des Françaises de seconde catégorie ? Une hiérarchie paternaliste ou pire encore ? »

    Au total, neufs communistes sont présents sur la liste conduite par le socialiste Michaël Delafosse. Samira Yakhlef assure qu’elle n’a pas l’intention de quitter le PCF mais plutôt de continuer à mener ses combats sans être élue.

    L'OBS


  • Commentaires

    1
    Vendredi 28 Février 2020 à 18:02

    Rien  ne   l'oblige   à  être voilée,   c'  est   de  la provocation ,et  comme   d'habitude   ça   va  jouer   les  martyres

    2
    françoise
    Vendredi 28 Février 2020 à 18:03

    Ils ont eu raison  L'islam n'a pas sa place en politique !Petit à petit ils essaient de s'imposer!

    3
    Rakia
    Vendredi 28 Février 2020 à 18:23

    " La Gauche qui Rassemble" mais sans les voilées !( rire)

    Pauvre Samira ,elle s’est trompée de parti ,elle aurait dû choisir

    Marine le Pen ,au moins elle a devant elle l’originale et non la copie !( rire) 

    4
    fripouille
    Samedi 29 Février 2020 à 10:02

    Ce sont des prétextes pour mettre de l'huile sur le feu !

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :